Le non enfouissement passe peu à peu, à l'Est

Le 08/03/2016 à 9:07  

Le non enfouissement passe peu à peu, à l'Est

stockage de déchets Le message est passé, du moins dans certaines contrées. Toujours est-il que le projet visant à interdire les déchets recyclables dans les décharges a obtenu le soutien de l’industrie des emballages et celui de Varsovie, important pour convaincre les États de l’Est réfractaires à l’idée...

 L'interdiction de mettre en décharge les déchets recyclables fait son chemin, à la satisfaction des industriels de l'emballage. Qu'il s'agisse de Tetra Pak, des industriels de la canette boisson ou de PlasticsEurope, qui souhaiterait même accélérer le mouvement, une vague de fond se profile. Sauf qu'à l'Est de l'Europe, un constat s'impose : la collecte sélective est encore jugée très (trop) coûteuse, d'où un recours encore très large, à la mise en décharge.

Si l'idée en tant que telle n'est pas vraiment rejetée, sa mise en pratique sur le terrain « fait encore peur » aux Etats les moins « riches ». Car cela demanderait des efforts considérables, ne serait ce que pour initier le tri à la source et optimiser la capacité des incinérateurs. Cela dit, la Pologne est plutôt favorable à l'interdiction des décharges à l'horizon 2030, ce qui lance à l'Est un début de changement de tendance, tandis que la Roumanie reste frileuse, que les régions comme Chypre, Malte, ou encore la Grèce ne peuvent que constater des populations dispersées, et par conséquent des dépenses qui sont jugées beaucoup trop élevées pour initier de manière « correcte » le tri des déchets d'emballages ménagers. Peut être faudrait-il octroyer davantage de temps pour parvenir à un résultats acceptable (suffisamment de quantités collectées pour mettre en place des structures de recyclage)...

Car le handicap dans cette course au tri (tel que vu par la Commission de l'Union) n'est pas moindre. Tous les pays membres de l'Union ne disposent pas d'un service de collecte et de traitement s'apparentant à celui que nous connaissons à l'Ouest, loin s'en faut. De la même manière que lorsqu'un service existe, les municipalités ne sont pas nécessairement au fait du « comment faire pour organiser le tri des déchets de manière rationnelle comme nous savons le faire à l'Ouest ». D'où des organisations parfois disparates, malgré une volonté de bien faire. Et puis... on a parfois à faire aussi, avec des politiques peu scrupuleux, à des détournement de fonds dédiés à une amélioration des services mis en place... quand ce n'est pas avec des pratiques de corruption directement à mettre en relation avec le traitement des déchets (pour cela, pas besoin d'aller loin : le sud de l'Italie suffit à illustrer le propos)...
Au demeurant plusieurs documents convergent à cet égard et établissent que la gestion des déchets est l’un des secteurs où la corruption est régulière (et non pas générale). « Dans quelques États membres, les mécanismes de contrôle ont révélé des cas dans lesquels des agents publics utilisaient les budgets des administrations locales pour conclure des opérations avec des sociétés auxquelles ils étaient liés (…). La plupart de ces affaires concernaient des accusations ou allégations de financement illégal des partis, d’enrichissement personnel indu, de détournement de fonds nationaux ou européens, de favoritisme et de conflits d’intérêts ».
« Dans quelques États membres, on a observé des cas dans lesquels certains chefs de la criminalité organisée à l’échelon municipal ont créé leur propre parti politique ou infiltré les conseils municipaux pour exercer une influence sur les autorités de police ou le pouvoir judiciaire locaux, et pour manipuler les marchés publics ». Voir par exemple ce document (en englais).
« Il est clair que sans une meilleure transparence, le secteur des déchets restera sujet à des phénomènes de corruption », a souligné le directeur de recyclage, des produits et de l’environnement de la Confédération européenne des industries du papier (CEPI), Jori Ringman-Beck...

Or, les metteurs sur le marché qui « cotisent », dans de nombreux pays, au nom de l'instauration de la REP,  afin que soit mise en place la collecte sélective, tiennent évidemment à ce que les sommes versées ne s'évaporent pas, mais soient bel et bien utilisées au tri des déchets, estimant et posant en principe que la directive sur les déchets d'emballages incluse des normes minimales en matière de REP, et fasse en sorte que al transparence soit une règle, de la même manière qu'il leur parait évident que tous les matériaux doivent être collectés et non pas seulement ce qui est le plus simple à mettre en œuvre...
Limiter l'enfouissement sera-t-il générateur d'un recours plus systématique à l'incinération des déchets, ou à la mise en oeuvre de politiques destinées à pratiquer le recyclage à plus grande échelle ? D'aucuns se posent déjà la question, craignant que l'incinération des déchets ne bloque l'expansion du recyclage matière (ce débat n'est pas nouveau). On y verra sans doute plus clair dans quelques mois puisque les conclusions du Conseil quant au plan d'actions de la Commission devraient être adoptées lors du Conseil environnement le 20 juin prochain...