Le recyclage des plastiques reste problématique

Ce n’est pas le tout de souhaiter collecter tous les emballages plastiques ; encore faut-il que ça ne coince pas au portillon du centre de tri, lequel est de plus en plus souvent équipé de machines à tri optique, certes, ce qui ne rend pas la tâche extrêmement simple, pour autant. Si chacun est convaincu qu’on doit pouvoir mieux faire (à peine un quart des emballages en plastique sont recyclés en France), force est de constater que les performances attendues prendront du temps pour se concrétiser… Et ce n'est pas tout!




Si le supplément de matières à collecter ne pose pas de problème majeur, le blocage est évident et important au niveau des centres de tri qui réceptionnent ces déchets d’emballages, lesquels devront être dispatchés selon la famille de matériau à laquelle ils appartiennent.
Il se trouve que la modernisation des installations, que l’on avait pensée souhaitable, s’avèrera indispensable : ces centres en effet, ne sont globalement «ni dimensionnés, ni organisés» pour traiter les nouveaux plastiques, plus souples et plus petits, indique le directeur général de l’éco-organisme. A peine 15% des installations existantes en France parviendraient à trier ces plastiques à un coût et moyen
En ralentissant le tri et en nécessitant davantage de main d’oeuvre, les coûts de traitement des nouveaux plastiques s’élèvent à 1 600 euros la tonne en moyenne contre 800 euros pour les bouteilles et flacons, assure l’éco-organisme.
Cela n’étonne pas Bertrand Bohain, délégué général du Cercle national du recyclage, représentant de nombreuses collectivités, qui rappelle que les centres de tri existants (environ 250 en France) ont été conçus uniquement pour les flacons. Pour lui, il est injustifié de comparer les coûts de traitement entre les deux filières, l’une «mature» et l’autre «émergente».
Le syndicat mixte de la vallée de l’Oise, organisme gérant le tri pour 473.000 habitants participant à l’expérimentation, ne cache pas les difficultés en dépit d’une chaîne de tri totalement adaptée.
«Les films mettent un peu le cirque dans la chaîne, c’est vrai... Mais je n’essaierai pas de revenir en arrière! Le bénéfice en termes d’augmentation globale de la collecte sélective et de confort des habitants, c’est 100% gagnant», assure le directeur général des services, Gilles Choquer.

Pour être tout à fait précis, il est hors de question pour Eco-emballages de faire marche arrière toute (l’éco-organisme a injecté 25 millions d'euros dans l’opération) ; au demeurant, un nouveau contrat du même type, d'une durée de trois ans, a été signé avec les collectivités locales qui se sont engagées. Priorité sera de toute façon donnée aux collectivités où la mise en oeuvre de l'extension sera facile et des objectifs économiques seront sans doute flanqués aux consignes (on ne peut pas continuer à soutenir ce tri moyennant une aide de 1 500 euros la tonne)!
Toujours est-il qu'en mars prochain, Eco-Emballages présentera ses «préalables» à toute généralisation de la consigne tout-plastique. Avec ces questions qui font débat : faut-il moderniser les centres existants? En bâtir de nouveaux ultra-modernes? Ou créer deux niveaux de tri, en laissant aux collectivités locales un tri simplifié et en confiant à quelques centres très spécialisés le soin de séparer les résines?
Autant de questions qui seront au coeur d’une étude que rendra prochainement l’Ademe sur l’avenir du tri à l’horizon 2030.


D’ici avril 2014, la décision relative à cette normalisation devrait être prise. « D’un côté, le JRC (Joint Research Center) considère que les DEEE sont si compliqués à traiter que leurs plastiques ne doivent pas sortir du statut de déchets », a exprimé Richard Toffolet, directeur technique d’Eco-systèmes. De l’autre, les technologies seront tout à fait capables de trier et séparer les plastiques selon leur teneur en retardateurs de flamme (POP, polluants organiques persistants) ou non ».
A la suite de quoi, il restera à déterminer qui traitera ces plastiques, en garantissant une qualité optimale : « faudra-t-il se concentrer sur quelques sites spécialisés ou continuer d’attribuer les marchés à des prestataires DEEE généralistes parmi les trente répertoriés aujourd’hui » ?, ajoute le directeur technique … La question ne manque pas d’intérêt ; gageons que la réponse sera satisfaisante pour les professionnels.

