Le recyclage et Matignon : quasiment la passion...

Au mois d’octobre 2013, le Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault a confié à Estelle Grelier, députée de Seine Maritime, une mission sur le recyclage des moyens de transports dont on attend les conclusions prochainement, la députée disposant aux termes de sa lettre de mission d’un délai de 3 mois pour la mener à bien. Au mois de janvier, le Premier Ministre a réitéré en chargeant Serge Bardy, député du Maine et Loire qui siège au sein de la Commission Développement Durable et de l’Aménagement du territoire de l’Assemblée Nationale de se pencher sur la filière du papier recyclé...
Le cadrage... Dans la lettre de mission qu’il a adressée au député, le premier Ministre rappelle la volonté de l’Etat « d’ancrer le pays dans un modèle d’économie circulaire qui passe notamment par la redynamisation et le développement du recyclage ».Est-ce le recyclage qu’il convient de redynamiser où plutôt l’utilisation des matières produites par les industries du recyclage ?
Le Premier Ministre répond lui-même à la question quand il souligne quelques lignes plus avant, que « le papier-carton de récupération » (voilà un concept qui signe la source d’inspiration de cette mission, sic!) est devenu une matière première très largement commercialisée au niveau mondial (2ème flux en volume, après les métaux) et la France en est exportatrice nette ».

La question est posée directement à Serge Bardy : serait-il opportun de définir un cadre réglementaire favorable à la proximité des exutoires de recyclage ?
Question désormais régulièrement accompagnée dans les débats de sa « subsidiaire » sur la « propriété des déchets ». Evidemment, Serge Bardy sera aussi tenu de répondre à la question de savoir quels sont les moyens d’éviter de vendre à l’exportation « à un prix inférieur au coût de la collecte et du tri des papiers recyclés issus de la collecte auprès des ménages et assimilés ».
Il faudra que Serge Bardy démontre d’abord que notre pays est coupable de cette forme de dumping.
Seconde phase de la mission, le député devra effectuer le « parangonnage » du coût de la collecte des OM et des emballages en étudiant quelques exemples de pays voisins afin d’en extraire les moyens de réduire ce coût sur notre territoire.



Evidemment, il y a toujours un contre-exemple. Celui de Blue Paper à Strasbourg, l’histoire de la reconversion d’une unité de papiers impression écriture à base de pâtes vierges en unité de production de papiers pour ondulé utilisant pour matière première des papiers recyclés. Encore faudrait-il être bien certain, étant donné la localisation de cette usine qu’elle s’approvisionne exclusivement sur le marché français des papiers recyclés.

Là encore, dans sa lettre de mission, Serge Bardy a trouvé quelques conseils du Premier Ministre. Se pencher sur le marketing et le design favorable au recyclé, identifier de nouveaux produits de haute technologie à base de papiers, et sur les débouchés que pourrait ouvrir l’écoconception. Aller interroger le secteur de l’imprimerie qui s’est engagée sur l’environnement. Et la commande publique, les papiers des ministères, de l’Education, les achats de l’Etat et des collectivités territoriales sont-ils suffisamment chargés en fibres recyclées ? Même travail du côté des banques, des experts comptables et l’édition.

A première vue, la mission semble bien compliquée.
Mais à s’attarder un peu sur cette dernière question et en lisant un peu entre les lignes, on comprendra aisément que ce dont le député de Maine et Loire est chargé, c’est de trouver les moyens que l’industrie papetière paie ses matières premières le moins cher possible. Ce qui dans une économie ouverte et concurrentielle n’est pas aussi évident que cela, même en mettant à contribution le consommateur, le contribuable et le citoyen, ce qui est déjà fait, l’industrie papetière française profitant des bienfaits de deux éco-organismes.
Bon courage, Monsieur le Député !


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