Lorraine : la TEOM, vécue comme un boulet trop lourd à supporter

Le 23/10/2016 à 23:06  

Lorraine : la TEOM, vécue comme un boulet trop lourd à supporter

Stop Réceptionner sa feuille d'impôts et constater les hausses de la fiscalité locale mettent rarement de belle humeur ; pour autant, il est rare qu'une TEOM enflamme collectivement les habitants d'une collectivité jusqu'à les faire descendre dans la rue. C'est pourtant ce qui s'est passé hier, sur la communauté de communes du Pays Boulageois, en Lorraine. Plus de 1000 personnes ont manifesté leur hostilité à la hausse de la taxe à l'enlèvement des ordures ménagères... 

 Une manifestation rassemblant plus de mille habitants de la communauté de communes du Pays Boulageois (CCPB) s'est déroulée à Boulay, hier : le motif du mécontentement tient à la hausse sensible de la TEOM. S'il est courant de constater que la fiscalité fait râler, beaucoup plus rare est celle qui justifie de descendre dans la rue : là, il semble que les habitants n'en puissent plus... Sont en cause les dettes du syndicat de gestion des déchets et leurs répercussions sur le contribuable... lequel estime à haute voix qu'il n'a pas à combler le trou résultant d'une mauvaise gestion.

 Radio France a évoqué des slogans évocateurs (et bien rythmés) pour signifier le fossé peu à peu creusé entre ceux qui finissent par devoir payer (les contribuables) et ceux qui ont fait des choix qui semblent être lourds de conséquences : aux cris que "Les ordures, c'est dur dur." "Les dettes du Sydeme, c'est pas notre problème." "Com' com', tu déconnes ! Ça taxe un max !", le ton était donné par les manifestants qui avaient revêtu pour l'occasion, des chasubles taillées dans des sacs poubelles de couleur orange.
Il faut dire que le montant à récupérer est non négligeable : 6 millions d'euros à l'échelle des 14 communautés de communes de Moselle Est, dont 300 000 euros pour le seul Pays Boulageois. Si on plaide des investissements d'avenir, mais lourds, du côté Syndicat mixte de transport et de traitement des déchets ménagers de Moselle Est, on récuse ces affirmations en évoquant à mots non couverts, une folie des grandeurs et une mauvaise gestion, du côté des payeurs...
Le Sydeme a notamment misé sur la méthanisation à grande échelle, mais pas seulement : le résultats est sans appel puisque la politique menée a généré en quelques années un déficit, pour ne pas dire une situation de surendettement. Non seulement les coûts ont augmenté (la hausse de la TVA, qui est passée très peu d'années de 5,5 % à 7% puis à 10%,  n'y est certes, pas pour rien, de même que l'augmentation du voût de la collecte, du montant de la somme allouée au remboursement de l'emprunt bancaire, sollicité pour investir dans la déchetterie), mais il a en outre été décidé de passer de la redevance (fixée en fonction du nombre d'habitants composant le foyer) à la taxe (calculée par rapport à la taille du logement), et ce, alors que la subvention nationale de l'Agence de l'environnement a été supprimée.

 Effet immédiat, la fiscalité liée aux déchets a progressé de 30 à 400%, selon les cas, ce qui balaye d'un revers de main, le principe du pollueur payeur, et met très clairement les habitants de la communauté de communes du Pays Boulageois en colère! Et tant pis pour ceux qui trient bien leurs déchets d'emballages ménagers, ou autres recyclables... puisqu'on ne paie même pas au poids des déchets ménagers résiduels produits, de sorte que la fiscalité soit vraiment incitative, résument certains d'entre eux, amères.
Une situation nouvelle, vécue comme une injustice notoire par les habitants, quand bien même le maire de la commune de Boulay-Moselle, (qui préside par ailleurs la CCPB), a reconnu un manque de communication et aussi que n'a sans doute pas été mesuré correctement l'impact de pareille mesure, notamment pour ceux qui subissent les hausses les plus vertigineuses, et qui n'affichent pas pour autant des revenus extraordinaires.
Le maire ayant indiqué par ailleurs, que la TEOM assurait en revanche un versement effectif des montants, et des recours possibles éventuels (ou en tout cas plus faciles qu'avec la redevance), tout en assurant que pour cette année, les impayés s'élevaient à environ 250 000 euros...
Pour l'heure, deux communautés de communes sont mobilisées (sur les quatorze que l'on dénombre en Moselle Est) et joignent leurs forces pour faire annuler cette taxe, et plus si affinités.