Méthanisation : quand des algues suivent un courant

Le 10/11/2015 à 20:38  
Méthanisation : quand des algues suivent un courant 
Algues Sargasses Le courant marin les amène, quand sur terre, il est question de transformer les algues sargasses en énergie ; tel est le projet à l'étude en Guadeloupe puisque récemment, le Syndicat Mixte d'électricité de la Guadeloupe (ou Sy.MEG) a confirmé son engagement en faveur du biogaz. Pour l'accompagner dans cette démarche, le syndicat a choisi Evergaz, opérateur intégré du biogaz en France.

  Elles sont reconnaissables entre toutes, les sargasses : elles dérivent en bancs (qui vont jusqu'à 500 kilomètres de long, parfois), puis atterissent en couches épaisses, parce qu'elles butent contre un littoral. Bloquées là, elles forment de véritables tapis (épais) de 50 à 100 mètres de large. Une fois échouées dans les lagons, les fonds de baies et les ports où elles empêchent la navigation, elles commencent à pourrir et dégagent l’odeur d’œuf pourri caractéristique de l’hydrogène sulfuré (H2S) : les proliférations d’algues brunes des Antilles n’ont rien à envier à leurs cousines vertes qui sévissent de l’autre côté de l’Atlantique... En Guadeloupe, cette sinistrose a débuté en 2011, de manière saisonnière d'abord, plus de manière plus répétitive. Aujourd'hui, l'île (mais d'autres aussi, dans l'arc caribéen, comme la Martinique) ne connait plus de répit.
L'algue sargasse est une plaie!

Fortement touchée, la Guadeloupe se doit de réagir : les accumulations récurrentes de sargasses posent un problème de santé publique (de nombreux riverains se plaignent d’irritation des yeux, de la gorge, des oreilles, ainsi que de nausées) contraignant les autorités à la fermeture de certaines plages, ce qui n'est pas sans impacter l'activité touristique locale.
Quant aux dégâts sur l’écosystème marin, on n’en connaît pas encore l’ampleur. Ce qui est sûr, c'est qu'en mer, les bancs d’algues favorisent la concentration de poissons, notamment des poissons lions juvéniles, une espèce invasive extrêmement destructrice qui dévore tout sur son passage. Une fois agglutinés contre les littoraux, les amas d’algues privent en outre de lumière coraux, herbiers, éponges, faune côtière, empêchant notamment la ponte des tortues.
Mais ce n'est pas tout : l’hydrogène sulfuré dégagé par les algues en décomposition corrode les appareils électriques et électroniques. Les médias locaux se font l’écho des témoignages dépités ou furieux d’habitants installés en bord de plage qui ont perdu tout leur matériel électroménager.
En mai dernier, le préfet de région s’est décidé à organiser une réunion de crise avec les élus locaux, à Basse-Terre. Un fonds d’au moins un million d’euros devrait être débloqué pour venir en aide aux communes chargées d’assurer le ramassage de ces centaines et, plus vraisemblablement, milliers de tonnes d’algues flottantes qui s’abattent en une année sur le rivage de chaque île des Caraïbes.

Dans ce contexte, une solution est donc à l'étude : la méthanisation des algues sargasses, qui pourrait constituer une solution durable et économiquement viable, permettrait de valoriser ces matières organiques en produisant du biogaz et un digestat qui serait ensuite utilisé comme fertilisant naturel. Ainsi, à la demande du Sy.MEG, Evergaz, au travers de son bureau d'études Ledjo Energie, a réalisé une étude de faisabilité sur la valorisation énergétique des déchets organiques et des algues sargasses en Guadeloupe.
Pour mémoire,  créé en 2008 sous le nom d'Holding Verte, Evergaz est un développeur-investisseur français qui accompagne les agriculteurs, les industriels et les collectivités dans le développement, le financement et l'exploitation d'unités de méthanisation. Evergaz détient et exploite plusieurs unités de méthanisation en France et capitalise sur le retour d'exploitation pour développer de nouveaux projets créateurs de valeur pour ses partenaires et leurs territoires. Engagé au service du développement de la filière française de la méthanisation, Evergaz est membre fondateur de Biogaz Vallée®.

L'étude a montré que les bénéfices d'un tel projet seraient multiples puisqu'il permettrait de constituer une solution de traitement des boues d'épuration, mais également des déchets agricoles et organiques locaux, tout en évitant l'émission de près de 5 320 tonnes de CO2. A cela s'ajoute une production attendue de plus de 6 GWhél. d'électricité verte, la fourniture d'un engrais naturel pour l'agriculture de Guadeloupe (digestat), mais aussi la création d'emplois locaux, directs et indirects.
La prochaine étape est la mise en place d'un projet pilote afin de tester pendant un an le processus de méthanisation et de vérifier les quantités de sargasse pouvant être traitées chaque année dans l'unité de méthanisation.
Afin de sensibiliser les habitants de l'île aux avantages du biogaz et expliquer les résultats de cette première étude, des panneaux grands publics sont exposés par le Sy.MEG les 5, 6, 7 Novembre, pour la douzième édition de la Semaine de l'Environnement.

Afin de concrétiser son engagement en faveur des énergies renouvelables, le 24 septembre 2015, le Sy.MEG, Valorem, Evergaz, On Time, ainsi que des actionnaires particuliers, ont officialisé la création de la société d'économie mixte locale (SEML) Guadeloupe ENR. Ses principales missions consisteront gérer la production et l'exploitation d'énergie électrique de source renouvelable,  la valorisation de l'énergie et la distribution des énergies renouvelables, la mise en valeur, la recherche et l'ingénierie dans le domaine de l'efficacité énergétique pour permettre le développement de la production d'énergie à partir d'énergies renouvelables.
En tant qu'actionnaire de la SEM, Evergaz accompagnera la Guadeloupe dans l'ingénierie technique, administrative et financière liée à la valorisation du biogaz issu des déchets organiques et des boues d'épuration en Guadeloupe.