Méthanisation : une piste à explorer pour rouler vers de nouveaux débouchés

Le 16/02/2017 à 20:34  

Méthanisation : une piste à explorer pour rouler vers de nouveaux débouchés

Prix de l'innovation Biogaz Un procédé, présenté lors du dernier salon Biogaz qui s'est tenu à Rennes fin janvier, a permis d'honorer le procédé AgriGNV, un concept dont la phase expérimentale vient d'aboutir. L'idée développée par ses concepteurs est d'injecter du biogaz épuré en guise de carburant, dans des voitures adaptées. Si le procédé venait à séduire, on pourrait imaginer faire rouler des véhicules légers et ou agricoles conçus pour, et grâce au traitement des déchets, ... puis un jour, imaginer la commercialisation de ce carburant (ce qui n'est pas autorisé par la réglementation actuelle)...
 Utiliser les  voitures roulant au biogaz provenant de la méthanisation, tel est l'objet de la mise au point d'un procédé développé par Prodéval qui a reçu un second prix lors du salon Biogaz Europe (le 10 octobre dernier, Prodéval remportait en effet le prix de l’innovation industrielle aux Victoires de l’innovation 2016 organisées par le groupe Le Progrès, à Lyon), à savoir le Biogaz d’Or pour son AgriGNV®  (un démonstrateur industriel (ou prototype) de production de BioGNV à partir de biogaz), une solution technologiquement et économiquement adaptée, qui s’insère parfaitement sur les unités de méthanisation existantes sans en perturber le fonctionnement.

Cette double récompense honore une innovation, fruit d’un an de recherche & développement : l‘unité AgriGNV® permet de transformer le biogaz des méthaniseurs – notamment agricoles – en bioGNV. Dans ce cas de figure, les agriculteurs peuvent substituer le carburant fossile par ce biocarburant, pour faire fonctionner une flotte de véhicules ou de tracteurs et rendre leurs fermes autonomes via un système d’économie circulaire. La transformation de seulement 3 m3/h de biogaz en bioGNV permet de parcourir environ 200 000 km par an. Ayant déposé deux brevets pour cette innovation, l’objectif de Prodéval (et de son burezau d'études CEFT) qui emploie 38 personnes, est de participer activement au développement de la filière bioGNV en milieu agricole, une des voies de déploiement prônée par l’Association Technique Energie Environnement (ATEE).

 Avec son système de démarrage et arrêt automatiques de l’unité au remplissage du réservoir du véhicule et de contrôle continu de conformité du BioGNV produit (respect de la norme ISO NF EN 15403), cette solution est compatible aussi, avec les petites unités de méthanisation. De fait, le concept est adaptable à toute unité en fonctionnement : un épurateur est installé à quelques mètres des cuves, pour que la teneur en  CH4 du biogaz passe de 50-60 à 98 %, une « station service » étant par ailleurs raccordée à cet épurateur.
Destinée aux producteurs de biogaz (méthanisations agricoles, industrielles ou territoriales), l'unité permet de valoriser in situ ou localement une partie de la production de biogaz, pour alimenter une flotte captive de véhicules (VL, engins agricoles...) en substitution aux carburants d’origine fossile.
Pour l'heure, du fait de la réglementation en vigueur, pas de commercialisation possible de ce carburant ; la production doit être auto-consommée, d'où la nécessité de bien évaluer le besoin en combustible du porteur de projet (afin de gérer au mieux le débit, comme le stockage du biogaz généré par le méthaniseur).

 Chez Prodéval, on croise les doigts : on espère que la réussite de l'unité pilote, située sur une exploitation agricole de Haute-Marne (dont le propriétaire a indiqué disposer de 350 km d'autonomie en biogaz), et la médaille d'or remportée lors du dernier salon Biogaz Europe de Rennes, déboucheront bien vite sur un cercle vertueux, même si on ne part pas de rien : environ 15 000 véhicules (ce qui comprend les flottes des collectivités), sont équipés pour rouler au biogaz. Un kit coûtant 2 500 €, subventionné à 50 %, permet d'adapter les véhicules à essence. La carburation est double : biogaz et essence. Faire rouler un véhicule uniquement au biogaz est possible, mais concrètement compliqué, car seule une trentaine de stations en proposent à la pompe en France.