Ministère contre ERP : le bras de fer n'est pas terminé
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Si la juridiction administrative a récemment rendu une décision favorable à l’éco-organisme, mais à l’encontre du ministère, accordant à ce dernier, un délai de 20 jours pour revoir sa copie, le ministère ne l’entend pas de cette oreille. Pour preuve, pas plus tard qu’hier soir, Ségolène Royal a publiquement indiqué qu’elle partage le point de vue du sénateur Miquel


Nous nous étions interrogés dans notre dernier article, quant à la pertinence des arguments développés par le sénateur Miquel, dans la mesure où ils semblent aller à l’encontre du droit européen en vigueur : les entreprises privées, dont la nationalité est celle d’un Etat membre de l’Union Européenne peuvent en effet opérer sur le sol des autres Etats membres, sans que cela pose de problème particulier.
Sauf que dans le cas qui nous occupe, on parle bien de sociétés privées, mais opérant dans le cadre d’un éco-organisme, dont le statut juridique est on ne peut plus particulier : société anonyme (à but non lucratif, ce qui n’est quand même pas ordinaire) agréée par l’Etat français. Cas atypique dans le droit des sociétés et situation inédite que celle-ci, puisque c’est la première fois dans l’histoire des éco-organismes, qu’il en est un qui soit recalé à l’exam. Non pas parce que le travail a été mal fait, mais parce qu’une grosse entreprise, allemande en l’occurrence, l’a racheté…

« La question posée est celle de la gouvernance des éco-organismes. Pour autant, nous avons besoin d'éclaircissement du Gouvernement sur le non-réagrément de la société ERP et de son influence sur la filière DEEE ».

Il faut, face à ce risque, faire preuve d'une grande prudence, a indiqué en substance, Louis Nègre, rappelant qu'il existe un contentieux ERP et que le tribunal administratif a constaté qu'il y a un réel problème.
« Si on laissait perdurer le modèle économique validé par le tribunal administratif, on priverait les collectivités territoriales du financement des éco-organismes. D'où mon recours en cassation devant le Conseil d'État. L'adoption de cet article par votre Haute assemblée donnera une base juridique à celui-ci pour statuer », a répliqué la ministre... Voilà une façon bien spécifique de construire le droit.
Le 6 février dernier, Christophe Pautrat, directeur général de l'éco-organisme, nous déclarait que « l’adoption par le Sénat de l’article 19 nonies confirmerait l’acharnement politique dont est victime ERP France». Les sénateurs ont bien entendu la ministre : l'article 19 nonies a été adopté.
