
Point de métaphysique mais un peu, encore, de méthanisation. Avec quoi ? Et ben Montpellier pardi ! The cas d’école à ce qu’il paraît. Sauf que ce qui paraît n’est peut être qu’apparence … Pour tenter de faire la part des choses, nous nous sommes rapprochés de celles et ceux qui connaissent l’histoire, ses multiples rebondissements et aussi les coulisses, afin de faire le point sur ce qui n'est pas dit ou jamais rappelé et qui donc, finit par déformer l'information… D'autant que la question des déchets à Montpellier est hautement politisée...

« Qu’en est-il de Montpellier ? Et plus généralement, y a-t-il une usine de méthanisation qui marche dans ce pays ?»…
La réponse apportée par Nicolas Brunner est sans ambages : « dans le cas de Montpellier, on a choisi une localisation qui n’était pas adéquate, une capacité très importante et un prestataire qui n’avait peut-être pas l’expérience nécessaire pour mettre en œuvre de très grosses capacités »…
Si l'usine a connu des problèmes effectifs d’étanchéité du bâtiment, avec notamment des nuisances liées aux odeurs et aux mouches, parce qu'en quelques années, l'usine n'était plus au bout du bout de l'agglomération mais à une encâblure de celle-ci, ces derniers ont été réglés dans les meilleurs délais, sans tergiversation.
« Aujourd’hui, Montpellier travaille à 65% de ses capacités et opère comme un quai de transfert. Les travaux sont terminés depuis 3 ans et l’usine n’est toujours pas réceptionnée »…
Sauf que des travaux sont en cours, suite à un incendie survenu l'an dernier... Sauf que Vinci Environnement n'a rien d'un constructeur Olé Olé, si vous voyez ce que je veux dire ... Bref : s'il y a eu des soucis qui ont d'ailleurs été gérés et réglés, il n'est pas correct de jeter l'anathème...



Georges Frêche laisse en effet rarement indifférent, entre ses réalisations concrètes, sa façon de prendre des décisions et ses propos tantôt outranciers, tantôt jaurésiens. Parfois surnommé le « Le Pen de gauche », il a, selon Jacques Molénat, « l'art d'embrasser au gré des publics tout le kaléidoscope idéologique de l'Hexagone ».
Il est bon de rappeler aussi, que cette personnalité du monde politique ne faisait pas l’unanimité, loin s’en faut, y compris au sein du parti socialiste… De là à considérer qu'on a voulu lui casser la baraque avec son idée de méthaniser à tout va, on n’osera pas. Mais … disons qu’il avait son style et pas que des amis…

Clair qu’avec des propos pareils, on n’a pas que des copains et que les peaux de bananes peuvent être de mise… même si elles sont bio et écolo ...
Toujours est-il que le plan départemental d'élimination des déchets ménagers et assimilés (PDEDMA) ou schéma directeur d'élimination des déchets du département de l'Hérault a été révisé en janvier 2003 par l'autorité préfectorale. Il prévoyait deux zones :


Et que c'est sous l'impulsion de son président, Georges Frêche, en juillet 2005, que la communauté d'agglomération opte pour une usine de méthanisation... D'entrée, peut-être parce c'est lui, ce fut chaud!




Après avoir été pionnière dans la valorisation et le recyclage des déchets secs en inaugurant en 1994 le 2ème centre de tri sur le territoire national, l’agglomération faisait en effet le choix de la valorisation organique anticipant ainsi sur les évolutions réglementaires qui font de l’incinération et du stockage des déchets ménagers, les ultimes voies de recours dans l’élimination de ces derniers.
« Au cours d’une décennie qui a vu peu d’installations de traitement se créer, la communauté a mis en œuvre, simultanément, une unité de méthanisation et un centre de stockage des déchets ultimes sur un site de carrière en exploitation lui permettant ainsi d’assurer sur place le traitement dans les règles, des déchets produits par la collectivité ».

Fort bien : vu comme ça, point de contestation possible ; c’est un choix novateur et une installation dont les spécificités « ont légitimement nécessité des adaptations tant en phase d’instruction qu’en phase de démarrage d’exploitation. Ces adaptations n‘ont jamais été de nature à remettre en question ce choix ».
Lorsqu’on aborde le fonctionnement de l’usine, parce qu’elle a été décriée, les responsables de la communauté d’agglomération sont, là encore très clairs dans leurs réponses :







Et ça repart pour un tour! On n'hésite pas! On y va!...
L'Association Languedoc-Roussillon-Nature-Environnement monte au créneau et annonce qu'il y a déjà eu 10 départs de feu... quand on confirme de partout qu'il n'y a eu qu'un seul sinistre qui n'a endommagé qu'une fraction de l'enceinte. Et on lâche dans la nature des infos assassines selon lesquelles il y aurait aussi des émissions de dioxines.
Jacques Domergue, député de la circonscription va plus loin : il accuse l'Agglo et l'Etat de complicité, dénonce la chape de plomb qui pèse sur le fonctionnement de cette usine et parle d' « omerta »...
Pas besoin d'en ajouter pour comprendre l'ambiance...
Ce qui n'empêche pas d'avancer. Selon le constructeur, l'usine traite les 2/3 des déchets dans des conditions, certes, plus difficiles. Point de blocage pour autant.
Pour l'heure, l'expertise judiciaire est en cours. Une seule certitude : l'incendie est d'origine accidentelle et de causes pour l'instant non déterminées. Sauf que sans attendre les conclusions définitives, Vinci Environnement fait l'avance des travaux aux compagnies d'assurances (3 millions d'euros tout de même), de sorte à ne pas amputer l'outil trop longtemps... Ceux-ci devraient être achevés en février-mars 2012. Sans doute qu'à cette date, les responsabilités seront clairement établies et Vinci Environnement remboursé de ses frais.


Oui peut-être mais non… Même si l’affaire dure depuis un certain temps, avec moult rebondissements, et qu'elle ressemble par certains côtés à un véritable casse-tête, il est bon de savoir raison garder. Et de conserver à l'idée que méthaniser des déchets, ce n'est pas gratuit.
Le tout est de bénéficier d'un juste prix.

En septembre 2003, celle-ci a approuvé cette enveloppe pour un montant prévisionnel de 57 millions d’euros, ce montant ne tenant compte que des coûts relatifs à la réalisation de l’unité ; en d’autres termes, les frais liés à l’achat du terrain et la rémunération de l’assistant à maître d’ouvrage, ne sont pas inclus.
Il est donc dommage que l’on ait présenté régulièrement la chose comme étant celle d’une opération non maîtrisée financièrement pour ne pas dire une opération foireuse qui a régulièrement nécessité de mettre et remettre la main au porte monnaie…
« A ce stade, l’évolution avec le seul coût de la définition et réalisation de l’unité (81,6 millions d’euros) ne serait donc pas de 54% mais de 43%.
Toutefois, le constat de cette évolution n’a pas de sens puisque l’évaluation a été révisée suite à l’annulation de la procédure d‘attribution de marché.
En effet, en 2004, la communauté d’agglomération de Montpellier a revu le montant initial de 57 millions d’euros pour tenir compte des enseignements tirés de la première consultation qui a permis de l’éclairer sur les caractéristiques effectives des process disponibles sur le marché et leurs conditions d’installation dans leur environnement (…).


De plus, le projet Amétyst produit un ratio entre son coût d’investissement et sa capacité nominale de traitement parmi les moins élevés des installations de traitement des déchets ménagers mises en service au cours des 10 dernières années ou en cours de construction sur le territoire national », conclut la présidence actuelle de l’agglomération…
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Pour compléter, on pourra se référer à Méthanisation : où en est-on dans l'Hexagone?, Tri des biodéchets : Montpellier uniformise la collecte,
Quand Montpellier mise sur la méthanisation





