Papiers : les hommes du recyclage sont en colère

Le modèle de Chapelle Darblay, un papetier bien connu du monde du recyclage appartenant au groupe UPM-Kymmene, à savoir l’acceptation des papiers en vrac en provenance des collectivités locales pratiquant la collecte sélective des papiers, serait-il en train de partir en confettis ? En tout cas, l’équipe dirigeante a foutu le personnel en rogne : plus de 300 personnes ont déroulé aujourd’hui, des kilomètres de papier recyclé (of course) dans les rues de Rouen, histoire de protester contre la suppression prochaine de la moitié des effectifs de leur entreprise…


Chapelle Darblay, est le principal fournisseur de papier journal de la région parisienne ; elle a été aussi l'un des fleurons de l’économie rouennaise, et s'est illustrée en produisant du papier journal à partir de papier 100 % recyclé. Elle fournit 380 000 tonnes de papier par an et utilise à elle seule, pour assurer ses nouvelles productions, 60% du papier journal recyclé en France. Or, UPM-Kymmene veut réduire de 800 000 tonnes sa production de papier pour la presse en 2015, ce qui va entraîner la suppression de 550 emplois, dont 196 en France sur les 367 personnes employées dans l'usine normande de Grand Couronne. Cette mauvaise nouvelle dans une économie en berne, est la conséquence de la chute de la demande de papier journal, a confirmé Jean Kubiak, directeur du site Chapelle-Darblay de Grand-Couronne. Il s'agira d'arrêter la machine à papier amélioré (qui fournit 130 000 tonnes par an) qui est à même de produire du papier plus blanc que le papier journal classique, car c’est une machine de petite largeur, donc moins rentable...
Depuis 2005, on assiste à une baisse progressive et régulière de la demande de papier par la presse ; dans ce contexte, UPM-Kymmene a ciblé ses machines à papier les moins performantes dans leur catégorie, par rapport au marché. La stratégie du groupe est de "donner une compétitivité à l’outil industriel restant" : dans le cas qui nous occupe, la capacité de la machine qui subsistera est de 240 000 tonnes par an.


Partis dans une soixantaine de voitures de leur usine, les manifestants, à l'appel du syndicat, ont opté pour le déchargement de leur papier en arrivant dans la métropole. Des "confettis" de papier recyclé ont été dispersés par certains dans la ville tandis que d'autres tiraient avec des cordes des bobines de papier journal blanc ou coloré, chacune d'une longueur de 10 à 15 km...
