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Pratiques dans des contextes donnés, et désastreux par ailleurs, les sacs plastiques font parler d’eux depuis belle lurette, ne serait ce que parce qu’ils s’envolent dès lors qu’ils ne sont pas traités dans des CET correctement exploités, ne serait-ce que parce qu’ils polluent les océans et tuent par asphyxie des animaux qui les ingurgitent, ne serait ce que parce qu’ils mettent un temps infini à se dégrader et qu’ils sont issus du pétrole quand on pourrait en proposer à partir d’autres produits que l’énergie fossile…Leurs détracteurs ne manquent pas d’arguments et pour l’heure, il est question d’en supprimer l’usage dans le commerce, à leur plus grande satisfaction. Sauf que ce n’est pas sans impacts négatifs…
Près de trois mois se sont écoulés depuis son arrivée au gouvernement, et force est de constater que le traitement des dossiers ne lambine pas : après la «remise à plat» de l'écotaxe, son opposition au gaz de schiste et la sortie du nucléaire, la ministre de l'Écologie Ségolène Royal veut interdire les sacs plastiques ou sacs de caisse à usage unique (quand bien même nous sommes nombreux à les réutiliser) et distribués ou vendus dans les magasins, dès le début 2016.

François-Michel Lambert, député écologiste et président de l’Institut de l’économie circulaire, se félicite grandement de l’adoption de ce texte : « le sac plastique est le symbole des inconséquences de notre modèle d’économie linéaire. Les solutions offertes jusque-là n’ont pas permis d'enrayer ce fléau qui pollue les paysages et les océans et atteint même notre santé. Pourtant les solutions existent, l’Italie et San Francisco l’ont fait. Il fallait agir et je me réjouis que Ségolène Royal ait eu le courage de le faire dans une vision d’économie circulaire (...) Ce gouvernement, chaque jour, fait la preuve de son engagement pour une véritable transition écologique. Nous, écologistes, aurions toute notre place dans ce gouvernement ».

« On pense que l'opinion est prête», a indiqué Benoît Hartmann, porte-parole de FNE, tout en plaidant déjà en faveur de « l'étape suivante, c'est-à-dire l'interdiction de tous les sacs jetables», y compris les sacs biodégradables, qui nécessitent d'être traités dans des composteurs industriels, et les sacs dits «oxofragmentables» censés se dégrader mais contenant des résidus de plastique.


Cependant, la Fondation rappelle que « cette mesure doit être complétée, dans le cadre de la loi sur la transition énergétique, par un dispositif plus large sur l’économie circulaire, ne se limitant pas à la gestion des déchets. C’est un nouveau modèle économique limitant le prélèvement des matières premières et la toxicité dès la conception des produits qu’il faut mettre en œuvre. L’objectif est bien de créer des boucles vertueuses depuis l’éco-conception, la mutualisation, la réparation, la réutilisation jusqu’au recyclage et à la transformation des déchets en nouvelles ressources». La structure pilotée par Nicolas Hulot propose notamment de « repenser notre modèle de production en mettant en place un fonds de soutien aux entreprises (notamment les petites) s’engageant dans l’économie circulaire et l’éco-conception, et un plan de lutte contre l’obsolescence programmée».


Plus sérieusement : côté commerçants, la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution et l'Union nationale des syndicats de détaillants en fruits, légumes et primeurs annonce d’ores et déjà que pareille mesure coûterait environ 300 millions d'euros (144 millions pour les sacs de fruits et légumes, 100 millions pour les sacs de caisse et 40 millions pour les sacs comptoir). A la clé, une inflation sur des produits alimentaires de première nécessité comme sur les fruits et légumes, les deux organisations appelant le Parlement à supprimer cette mesure…
Mais peut-être cette décision fera-t-elle la part belle aux sacs et sachets en papier kraft… Qui sait?
Du côté du recyclage, il est clair que les récupérateurs et négociants de housses plastiques (à partir desquelles on fabrique une grande partie de ces sacs, principal débouché des housses emballant les palettes de produits, récupérées en milieu industriel) ont de quoi faire la tronche…

« La recherche sur les matériaux plastiques compostables n’est pas aboutie. Il faut organiser le compostage domestique des plastiques, qui reste encore au stade des tâtonnements », indique Jean Martin, Délégué Général.
Et de rappeler que la production de plastiques biosourcés « fait face à de nombreux défis : des coûts de production élevés, un impact écologique encore peu documenté, qui ne tient pas toujours compte de celui de la filière agricole en amont (consommation d’eau, utilisation d’engrais et de produits phytosanitaires) et une gestion en fin de vie de certains de ces matériaux qui perturbent les filières de recyclage ».
La Fédération de la Plasturgie et des Composites nous indique rester attentive aux évolutions dans le domaine des bioplastiques mais nous confirme qu'elle privilégie des actions en faveur du recyclage des plastiques. A court terme, précise la Fédération, le recyclage doit devenir une source alternative aux matières vierges issues du pétrole, viable sur le plan économique et environnemental...

