Plastique : les organisations pro donnent de la voix

Le 18/07/2013 à 10:57  

Plastique : les organisations pro donnent de la voix

Janez Potocnik Le petit monde du recyclage plastique est en ébullition... Il y a quelques mois, au mois de mars pour être précis, le Commissaire Européen à l’Environnement, Janez Potocnik avait fait les gros yeux aux plasturgistes européens et leur avait signifié en substance que s’ils ne se bougeaient pas un peu « côté recyclage », il allait lui-même prendre les choses en mains et ne ferait pas forcément dans la dentelle. Il faut dire qu’en matière de recyclage, le secteur des plastiques ne brille pas dans l’excellence. La fameuse excuse « les plastiques sont un matériau jeune, mais vous verrez dans une centaine d’années, en matière de recyclage, on fera des miracles » commençait à s’user un peu. Les plasturgistes ont senti le vent du boulet et les organisations professionnelles ont récemment avancé des propositions sur le thème habituel « ce n’est pas nous, c’est l’autre », mais c’est toujours mieux que rien.

 Statistiquement parlant, le recyclage des plastiques (issus des déchets ménagers, s’entend) en Europe n’est pas au firmament. Au sein de l’Union, le taux de recyclage des plastiques évoluerait en 15 et 30 %.

Les organisations professionnelles du secteur des matières plastiques ont décidé de frapper un grand coup en termes de communication puisqu’ils annoncent qu’ils plaident désormais en faveur de l’interdiction de mise en décharge des plastiques en estimant que l’Europe doit sortir de l’ère du gaspillage. L’interdiction de mise en décharge constitue évidemment un moteur efficace au développement du recyclage. Les plasturgistes ont constaté que les pays européens dont les taux de recyclage de plastiques sont les plus élevés sont ceux qui, comme l’Autriche, la Belgique, l’Allemagne, le Danemark et la Suède, ont limité ou quasiment interdit la mise en décharge.

L’idée est donc subtile, si ce n’est qu’évidemment, il y a un hic. Pour qu’une telle mesure puisse un jour être mise en application, il faudrait juste se lancer dans une nouvelle révision de la Directive Déchets à qui on a refait une grande toilette en 2008. Peut-on imaginer l’ensemble des pays de l’Union, 28 maintenant, se mettre immédiatement d’accord sur un tel projet ? Tout cela va prendre beaucoup de temps au point que les mauvais esprits se demandent si ce n’est pas une remarquable façon de jouer la pendule.
D’autant que les producteurs de plastiques qui se sont activement penchés sur la question, ont désormais des idées à revendre. Comme par exemple, pourquoi ne pas étendre cette interdiction de mise en décharge à tous les matériaux disposant d’un haut potentiel calorifique. Juste encore un peu plus compliqué et juste encore un peu plus de temps gagné.

Il faut dire que le temps commençait à être compté pour les producteurs de plastiques européens. Le développement de la production associé à un faible taux de recyclage a poussé un certain nombre d’organisations à développer des plaintes notamment à propos de ces monstrueux amas de plastiques qui se constituent aux confins des courants marins. Plus effrayant encore pour l’industrie des plastiques, le Bureau Européen de l’Environnement a proposé à la Commission l’imposition d’une taxe sur les déchets de matières plastiques et également l’interdiction de leur mise en décharge. Une consigne comme cela se pratique en Allemagne pouvait être également une option intéressante mais on sent, sur cette option, les plasturgistes beaucoup moins enthousiastes.
Par contre, il seraient prêts à soutenir le fameux projet du Schengen des déchets qui permettrait le transfert transfrontalier des produits recyclables d’une zone de l’Europe où il n’existe pas de structure de recyclage vers celles qui en disposent : bizarre, on a l’impression que la chose se pratique déjà...

Jouer la pendule donc, mais jusqu’à quand? Peut-être jusqu’au moment où les choses auront pris pour la planète un tour si mauvais qu’un politique zélé décidera l’incinération obligatoire des matières plastiques à des fins de production énergétique. Les plasturgistes auront alors atteint leur but et ne seront plus obligés de jouer subtilement sur la sémantique valorisation-recyclage.