Pneus usagés : premier combustible alternatif à la cimenterie de Saint-Pierre-La-Cour

Le 13/04/2012 à 15:23  

Pneus usagés : premier combustible alternatif à la cimenterie de Saint-Pierre-La-Cour
pneus déchiquetés avant valorisation dans le four de la cimenterie Depuis 2006, la cimenterie Lafarge de Saint-Pierre-La-Cour (Mayenne) valorise par combustion dans ses fours des déchets locaux d’activités industrielles, principalement des pneumatiques usagés, en substitution des combustibles fossiles non renouvelables. Cela lui permet aujourd'hui de couvrir 40% de ses besoins énergétiques. Chaque type de déchets à valoriser fait l’objet de contrôles et d’une procédure rigoureuse d’acceptation. La très haute température du four (2 000°C) et le temps de séjour garantissent leur élimination complète ; la fiabilité de ce procédé a été confirmée par l’Ademe. A ce jour, 10 millions de pneus ont ainsi été valorisés dans l'usine...

 La France a produit en 2010 près de 300 000 tonnes de pneus usagés. Aujourd’hui, la valorisation énergétique de ces derniers permet d’en éliminer 30% du total, qu’ils soient déchiquetés ou entiers. Leur valorisation en cimenterie permet l’élimination totale du pneu ; le matériau est homogène et dispose d’un pouvoir calorifique élevé, ce qui en fait un combustible très intéressant. Outre son apport énergétique, cette incinération permet la valorisation totale des renforts métalliques du pneu, dont le fer se substitue à des matières naturelles entrant dans la composition du clinker, matière essentielle à la fabrication du ciment.

vue intérieure du four de la cimenterie Depuis maintenant 6 ans, l’usine de Saint-Pierre-La-Cour utilise des pneumatiques comme combustibles alternatifs. Les livraisons de pneus déchiquetés arrivent par bennes de 25 tonnes sur le site et sont déchargés sur une plate-forme où ils sont stockés. Ils sont criblés avec un mélange de caoutchouc d’une granulométrie maximale de 70 mm, adaptée au processus cimentier. Ce mélange est ensuite récupéré par une chargeuse pour alimenter l’atelier qui dispose de 5 cases pour un stockage d’une capacité de 500 tonnes. Un grappin, piloté automatiquement depuis la salle de contrôle, vient alors attraper le combustible pour le déposer dans un doseur qui régule le débit. Enfin, le mélange est transporté par une bande, puis un élévateur à godets ainsi qu’un tapis vibrant, avant d’entrer dans le précalcinateur dont la flamme atteint les 2 000°C. La très haute température et le temps de combustion garantissent l’élimination complète du pneu, sans danger et sans déchet ultime. "En 2012, les pneumatiques usagés constituent le premier combustible alternatif de l’usine. Le seuil de 10 millions de pneus valorisés a été dépassé en début d’année (soit 75 000 tonnes)", indique Gilles Benveniste, Directeur de l’usine.

 Selon Lafarge, l’utilisation de pneus comme combustible a 3 avantages majeurs pour l’usine et l’ensemble des parties prenantes locales : sur le plan environnemental, cela permet d’économiser des matières premières non renouvelables et de limiter les émissions de GES ; sur le plan sociétal, il s’agit d’une solution pour les entreprises locales qui souhaitent valoriser leurs déchets ; sur le plan économique, cela permet de réduire la facture énergétique de la cimenterie et favorise ainsi sa compétitivité. On notera que, depuis 1997, la cimenterie de Saint-Pierre-La-Cour a fait le choix de l’"écologie industrielle" et valorise, en plus des pneus usagés, du bois faiblement traité (issu de panneaux, d’ameublement ou de résidus d’exploitation forestière), des farines animales ou encore des eaux usagées. Plus de 60% de ces déchets proviennent des régions Bretagne et Pays de la Loire. Chaque type de déchet fait l’objet de contrôles réguliers par les autorités administratives et d’une procédure rigoureuse d’acceptation.

cimenterie de Saint-Pierre-La-Cour

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