Pneus usagés : séance de repêchage... en mer Méditerranée

Le 23/09/2018 à 22:22  
Pneus usagés : séance de repêchage... en mer Méditerranée
Pneus usagés immergés Cap sur le Golfe Juan, au large de Vallauris, entre Cannes et Juan les Pins. L'organisme d'Etat, Agence Française pour la Biodiversité et la Fondation Michelin y organisent une pêche très spéciale, consistant à remonter des fonds, les dizaines de milliers de pneus qui y ont été immergés dans les années 80...

 A 500 mètres du rivage, une équipe de scaphandriers se relaie pour remonter à la surface, des milliers de pneus, immergés depuis des décennies, par 30 mètres de fond, à l’initiative des services de l’Etat et de la prud’homie de pêche locale. Situés entre la zone coralligène et les herbiers de posidonie, dans une aire marine où la pêche est interdite, ces récifs n’ont pas "accueilli d'espèces sédentaires comme les chapons", indique Denis Genovese, président du comité départemental des pêches. "Il y avait bien des mérous, des congres et des sars qui tournaient autour, mais aucune espèce ne s’est réellement habituée ici".
"On espérait restaurer ici une vie aquatique mais ça n’a pas fonctionné. Il s’est avéré que ce récif de pneus n'était pas un milieu prolifique pour la biomasse", confirme Eric Duplay, adjoint au maire d’Antibes qui justifie l'opération par le fait que "les pneus peuvent se dégrader, se transformer en granulat et envahir les champs de posidonie".

Financée à hauteur d’un million d’euros par l’Agence française pour la biodiversité (AFB), et par la fondation Michelin pour 200 000 euros, l'opération doit durer un mois pour remonter à la surface 10 000 pneus ; une seconde campagne sera lancée au printemps prochain pour enlever les 12 500 autres pneumatiques restant.
Cette "première" a été lancée après des études menées en 2005 par l’Université de Nice qui ont montré que les pneus, même une trentaine d’années après leur immersion, ne sont pas des produits anodins, a indiqué Patrice Francour, professeur d’écologie au laboratoire Ecomers de l’Université de Nice Côte-d’Azur.Déchets pneumatiques immergés
En 2015, une opération pilote avait permis de remonter 2 500 pneus sur les 25 000 qui avaient été immergés, et surtout de valider le principe d’une opération de nettoyage complet des lieux, situés dans une zone Natura 2000.

Une fois remontés à bord de l’Océa, les pneus seront acheminés à Nice, afin de bénéficier d'une opération de recyclage : ils seront transformés en granulats qui seront ensuite exploités sous forme de matériaux de construction, notamment pour les routes. "Ensuite, nous allons laisser les fonds se restaurer naturellement et continuer à surveiller la zone avec des capteurs permettant de mesurer comment cette aire marine protégée, qui est pour nous une sorte de laboratoire, va évoluer", conclut Patrice Francour, de l’Université de Nice, rappelant par ailleurs que si ce récif de pneumatiques usagés est une unique en France, il en existe beaucoup d'autres, notamment aux Etats-Unis.