Pollution : les microplastiques omniprésents dans les fleuves

Le 28/11/2019 à 13:58  
Pollution : les microplastiques omniprésents dans les fleuves
 De mai à novembre 2019, la goélette scientifique Tara a parcouru les 4 façades maritimes européennes et prélevé des échantillons dans 9 des principaux fleuves d’Europe. Objectifs de cette mission, initiée par la Fondation Tara Océan et coordonnée scientifiquement par le CNRS : identifier les sources de pollution, comprendre la fragmentation des microplastiques dans les fleuves, prédire leur dispersion vers l’océan, comprendre leurs impacts sur la biodiversité marine et leurs effets sur la chaîne alimentaire (voir notre article)...

 De retour à leur port d’attache de Lorient le 23 novembre (voir notre dépêche), les marins et scientifiques à bord de Tara ont rapporté 2.700 échantillons en 6 mois, prélevés sur 45 sites situés entre terre et mer. Tamise, Elbe, Rhin, Seine, Ebre, Rhône, Tibre, Garonne et Loire : les échantillons et les données ont été récoltés au large des 9 estuaires, à leur embouchure, en aval et en amont de la première grande ville à forte population située sur les fleuves.

 L’hypothèse selon laquelle les microplastiques sont d’ores et déjà omniprésents dans les fleuves a ainsi été validée. En effet, 100% des prélèvements d’eau effectués dans ces 9 fleuves européens contenaient des microplastiques. Sans surprise, on y retrouve des microbilles présentes dans certains cosmétiques et dentifrices, ainsi qu'une forte proportion, visible à l’œil nu, de fragments appelés microplastiques secondaires, issus de la fragmentation des plastiques due notamment aux rayons du soleil. Inférieurs à 5 mm, ceux-ci représenteraient plus de 90% des 5.000 milliards de morceaux de plastiques flottant à la surface de nos océans.

 L’autre observation majeure concerne la toxicité des microplastiques dans les fleuves. Au cours de la mission, des nasses contenant différents types de plastiques ont été volontairement immergées. Alors que ceux-ci ne présentaient aucun signe de toxicité avant leur immersion, leur séjour d’un mois dans les fleuves a suffi pour que leur toxicité s’avère positive. "Si nous savons déjà que certaines matières plastiques relarguent leurs additifs (notamment des perturbateurs endocriniens comme les bisphénols A et les phtalates), certains plastiques 'témoins' se sont aussi révélés être des 'éponges à polluants'", notent les scientifiques. Charriées vers l’océan, les particules plastiques vont accumuler à leur surface des polluants présents dans les fleuves (pesticides, hydrocarbures, métaux lourds...) et avoir des effets toxiques sur les organismes qui les ingèrent.

 Pour la Fondation Tara Océan, 5 mesures multiples et complémentaires s’avèrent donc urgentes, suite à ces résultats :
 améliorer considérablement la collecte et le recyclage des déchets, par exemple via la consigne des emballages de boissons ;
 réduire drastiquement les plastiques jetables à usage unique tels que les emballages ;
 réduire le nombre de résines et la complexité des additifs utilisés dans la fabrication des objets en plastique ;
 développer des emballages éco-conçus pour les substituer aux matériaux problématiques comme le polystyrène expansé ;
 adopter des lois fixant un calendrier de réduction à la source de tout type d’emballages jetables, en cohérence avec les directives européennes.

 En rapport direct avec le sujet, nous vous renvoyons à notre dépêche : Microplastiques : quels véritables impacts sur la santé ?.