Pollution publicitaire : un gâchis économique et environnemental

Le 30/08/2018 à 18:15  
Pollution publicitaire : un gâchis économique et environnemental
 En lien avec le réseau Environnement de l’UFC-Que Choisir, 344 bénévoles de l'association, dont 139 ayant préalablement apposé un autocollant "Stop Pub" sur leurs boites aux lettres, ont comptabilisé durant le mois de mai dernier le nombre de publicités non adressées reçus afin de quantifier le volume de pollution publicitaire induite et évaluer l’efficacité du dispositif...

 L'enquête démontre que la pression des imprimés non adressés dans les boites aux lettres ne cesse de croitre : leur poids moyen sur un mois est passé de 2 kg par ménage en 2004 à 2,3 kg en 2018, soit une augmentation de +15% en 14 ans. Dans un contexte de baisse de l’utilisation du papier, la distribution de prospectus publicitaires ne faiblit pas et représente, en volume, un quart du papier consommé en France (contre 20% en 2012).

 A l’origine de cette pollution publicitaire, les grands Groupes de la distribution cumulent presque la moitié (47%) des publicités non adressées devant les enseignes spécialisées dans le bricolage, les vêtements, le jardinage ou l’ameublement (20%). Les enseignes Carrefour, E.Leclerc et Système U se démarquent car, sur le seul mois de mai, elles représentent 21% de la publicité non adressée dans les boîtes aux lettres des enquêteurs, avec respectivement 7,3, 6,8 et 6,3 prospectus dans chaque boîte située dans la zone de chalandise de l’un de leurs magasins. A l’inverse, Intermarché (4,3 prospectus par boîte) et Monoprix (3,7) sont plus raisonnables.

 D’après l'enquête, apposer un "Stop Pub" sur sa boîte aux lettres permet de diminuer de -93% le nombre moyen de prospectus reçus, qui chute de plus de 58 à moins 4 sur un mois. "Malheureusement, faute de promotion suffisante de la part des pouvoirs publics, cet autocollant n’est apposé que sur un peu plus de 20% des boites aux lettres (9% en 2011), ne permettant pas d’enrayer la guerre publicitaire inconsidérée que mènent les professionnels. Face à cette inaction, le triste record de 20 milliards d’imprimés publicitaires par an a été dépassé pour la première fois en 2016", déplore UFC-Que Choisir.

 La pollution publicitaire représente un coût important qui n’est pas toujours visible des consommateurs. Les dépenses pour la publicité non adressée ont atteint presque 2,9 milliards d’euros en 2017, auxquels il faut ajouter le coût de collecte et de traitement des déchets papiers payés par les contribuables locaux à travers leur taxe d’ordures ménagères pour les papiers non triés. Au total, cela représente pour un foyer de 4 personnes un budget non négligeable d’environ 200 euros par an. De plus, selon les estimations de l’UFC-Que Choisir, même si l’objectif de recyclage du papier (65%) fixé par les pouvoirs publics était atteint en 2022, ce serait encore 285.000 tonnes de papier qui continueraient à partir en fumée si rien n’est fait d’ici là.

 Inquiète de l’aggravation continue de la pollution publicitaire liée aux prospectus non adressés et de l’incapacité des professionnels à s’autoréguler, l’association a donc saisi cet été les pouvoirs publics pour demander :

 la mise en œuvre d’un malus véritablement dissuasif sur l’éco-contribution payée par les professionnels afin de pénaliser réellement cette pratique et de les pousser vers d’autres modalités publicitaires (internet, publicités adressées) plus respectueuses de l’environnement ;
 la mise en place d’une pénalité financière pour les enseignes ou les distributeurs qui ne respecteraient pas le "Stop Pub".