Quand la tournure de la clause de revoyure est vécue comme un affront…

 Un an plus tard, que prévu, le ministère a tranché. Le 28 février 2014, en lieu et place du 1er janvier 2013. Bien. Sauf qu’à y regarder de plus près, il coupe la poire en deux, et basta. Ce qui ne satisfait évidemment pas. Quand les soutiens aux collectivités augmentent d’environ 50 millions d’euros par an, le ministère de l’écologie annonce que l’enveloppe destinée aux collectivités sera augmentée de 23 M€/an afin de tenir compte de «l’augmentation de certains coûts techniques». A la suite de quoi, doit-on considérer le verre à moitié vide, ou le verre à moitié plein ? Doit-on se dire qu’un tien vaut mieux que deux tu auras ? On ne sait mais à n’en point douter, il en est qui considèrent déjà qu’on leur ôte le pain de la bouche…
 La clause de revoyure avait été décidée fin 2010, alors que le réagrément d’Eco-Emballages se déroulait dans un cadre on ne peut plus tendu. Son objectif était de fixer une date dans l’agenda pour revoir le montant des aides. La date choisie avait été le 1er janvier 2013. Mauvaise pioche puisqu’il a fallu attendre un an de plus.Autant dire qu’elle était attendue, cette décision sur la clause de revoyure de la filière des déchets d’emballages ; il semble qu’elle ait déçu.
 
 
 Après plusieurs mois de réflexion, le ministère a décidé d’actualiser les coûts servant de référence à la filière, « qui sont la base des soutiens
 
 Le ministère a rappelé son attachement à l’objectif national de recyclage de 75% des déchets d’emballages ménagers (qui aurait dû être atteint en 2012). On serait à un taux de 67% (ce pourcentage ne tient pas compte de tous les emballages mis sur le marché mais de ceux qui sont admissibles dans le bac jaune, bien évidemment). Quoi qu’il en soit, cela signifie que l’essentiel du chemin est parcouru. Sauf que n’importe quel coureur de fond expliquera que ce sont les derniers kilomètres, voire les dernières centaines de mètres, les plus pénibles et les plus difficiles à conquérir…
Et Philippe Martin de demander « à l’ensemble des parties prenantes de la filière de gestion des déchets d’emballages ménagers, de définir, ensemble, les modalités détaillées des actions à mener »… 
 
 
 Le ton est donné. Car au cœur de cette bataille entre les collectivités et l’éco-organisme, une question centrale, celle du partage des coûts, soit 20% restant à la charge des premières et 80% pris en charge par le second, aux termes du cahier des charges. Au lieu de cela, deux associations majors, Amorce et le CNR, ont beau compter : elles constatent un différentiel de plus de 100 M€ en leur défaveur, avec suite logique, une répercussion dans le porte monnaie des ménages (via la fiscalité locale)…
En actant une révision à la hausse des coûts de référence et une augmentation certaine des financements apportés aux collectivités, « le Ministère approuve clairement le combat des associations de collectivités compétentes en matière de gestion des déchets qui appellent depuis plusieurs années à une meilleure prise en charge par les producteurs des coûts de gestion des déchets d’emballages afin d’atteindre l’objectif de75% de recyclage, conformément à la loi Grenelle ».
 
 Les trois associations engagées dénoncent « une revalorisation marginale des soutiens financiers apportés aux collectivités » qui n’a pas grand-chose à voir avec l’objectif de prise en charge à 80% des coûts établi lors du Grenelle. Plus fort : les structures associatives notent que cet arbitrage « renie les conclusions des services du ministère dont les travaux estimaient, il y a quelques mois, de 100 à 300 millions d’euros, la correction à apporter dans le cadre de cette clause de revoyure ».
 « Dénué de fondements technique, économique ou juridique, cet arbitrage au montant pour le moins «arbitraire» marque une nouvelle fois l’emprise d’Eco-Emballages sur les pouvoirs publics et une partie des acteurs de la filière, conforte les associations de collectivités dans leur rôle difficile mais salutaire de contre-pouvoir et confirme la nécessité d’une véritable régulation nationale indépendante des filières REP ».
 
 
 Et d’enfoncer le clou en annonçant, de concert, dans un communiqué, « qu’elles envisagent de se retirer de l’ensemble des instances de concertation en matière d’emballages jusqu’à ce qu’une refonte complète de la gouvernance de l’éco-organisme soit mise en œuvre, garantissant en particulier une meilleure représentativité des associations de collectivités compétentes et une indépendance totale des acteurs de la filière »…
 
	
	

