Quand les coquilles de moules, se recyclent, aussi...

Le 17/09/2018 à 16:50  

Quand les coquilles de moules, se recyclent, aussi...

Carrelage en coquilles de moules (copyright EtNISI) Il y en a qui mangent les moules, et d'autres qui sont friands de ce qu'il en reste : les coquilles... S'il est un lieu où le gisement de cette matière est massifié, puisque la tradition veut que l'on fasse des tas symbolisant le succès de l'édition en cours, c'est bien la Braderie de Lille... Cette année, ces habituels déchets n'ont pas pris la direction de l'enfouissement : ils ont été captés par une entreprise locale, qui les utilise pour sa production de carrelages...

 Rendez-vous incontournable, la réputation de la Grande Braderie de Lille, qui s'est tenue les 1er et 2 septembre, n'est plus à faire : la fameuse brocante est couplée avec Le plat qu'il n'est pas question de bouder : les moules-frites... avec à la clé, une attraction pour le public et une petite compète sympa entre bistrots et restos qui peuvent ainsi comparer qui en vendu le plus, à savoir les tas de coquilles qui en résultent, sur le trottoir ... Longtemps éliminés, ces déchets de coquillage ont trouvé preneur : en partenariat avec la mairie de Lille, les coquilles de moules du centre ville ont en effet été collectées avec pour objectif final de les transformer en carrelage, puisque une société locale, EtNISI, créée en 2017, a en effet décidé de procéder à leur recyclage...

Quatre responsables interdépendants sont à l'oeuvre : Espérance Fenzy, ex-ingénieur dans le BTP et fondateur de la strat up, est responsable opérationnel : chaque produit fait l’objet d’une mise au point et d’une expertise qui permettent son exploitation optimale. Il a la charge notamment de choisir les composants pour répondre aux besoins esthétiques et techniques, ce choix s'établissant à la suite d’expérimentations dans le laboratoire et se voit confirmé par les essais établis par Amine Kadiri qui supervise le protocole normatif. En fonction de la destination de l’objet produit, il établit un programme d’essais pour répondre aux exigences du client, réglementaires et à l’utilisation de matières premières secondaires. Son travail permet à l'entreprise d’avoir des produits certifiés par les normes en vigueur dans les pays de distribution... Sophie Heymans, trouve et référence les gisements de matières premières secondaires ; elle est amenée à étudier le traitement mécanique, chimique ou le tri nécessaire à l’exploitation de la matière première secondaire...  et Christophe Deboffe est responsable commercial. 

Spécialisée dans la production de carrelage, l'entreprise basée à Roubaix (qui dispose d'un showroom à Marcq-en-Baroeul) a la particularité de produire ses dalles à partir de déchets divers (et très variés), tels que le verre, mâchefer, les briques, textiles, vélos concassés, le plâtre, et même le marc de café, qu'elle exploite via un procédé qu'elle a mis au point, qui donne naissance à un matériau, le Wasterial, incorporant au moins 75% de matières recyclées.
Le projet de recycler les coquilles de moules justifie qu'un camion ait écumé les trottoirs, afin de prélever ces précieux déchets qui seront lavés, exemptés de leurs matières organiques, puis broyés avant d'être compressés  en mélange avec du calcaire, avant d'être passés au four pour y être cuits à 100° : il en résultera un carrelage sombre, avec des reflets violets.
D'ores et déjà, des pré tests ont été réalisés ; cela dit, il est nécessaire d'adapter le process à chaque matière première utilisée. La formule devrait être finalisée rapidement ; puis l'heure viendra de mettre en oeuvre une batterie de tests techniques de résistance afin de s'assurer aussi du caractère inerte du carrelage qui en résultera.

Ces dalles atypiques seront proposées à la vente (pas plus de 50 euros/m²), et l'entreprise, dont l'activité est pour le moins originale, sera sous les feux des projecteurs tout bientôt : elle sera présente à la 12ème édition du Forum de l’économie responsable, qui se tiendra à Lille, du 16 au 18 octobre prochains.