Quand Montpellier mise sur la méthanisation...

Le 25/10/2010 à 13:10  
Quand Montpellier mise sur la méthanisation ...

Christian Valette Amétyst, l'usine de méthanisation de Montpellier et sa communauté d'agglomération a été inaugurée le 1er Juillet 2008 ; depuis lors,  elle est  progressivement montée en charge. Elle intrigue certains, tandis que d'autres l'admirent... Pour autant, tous se posent des questions sur la mise en oeuvre de la collecte séparative des biodéchets, mais aussi sur la gestion et les coûts de cette unité.
Alors??? Usine à gaz, la "métha" vue par Montpellier? Et bien non :  deux connaisseurs du dossier, Christian Valette, Vice-président de Montpellier Agglomération, délégué à la commission "Environnement" et  Christophe Deligny, directeur du service environnement de Montpellier Agglomération, nous ont accordé cet entretien exclusif...

 Au titre des grandes caractéristiques de l'usine, il s'agit d'une enceinte de traitement des déchets destinée à recevoir d'une part, des ordures ménagères résiduelles, et d'autre part, des biodéchets issus d'une collecte spécifique. S'il est prévu, à terme de traiter 207 000 t annuelles, seule une fraction de ce gisement (107 000 t) sera méthanisée (soit 52 %). Les digesteurs n’ont cependant reçu, en 2009, que 39 000 t environ, soit 30 % du tonnage entrant.  Cela s'explique essentiellement par le faible tonnage de biodéchets reçu à l'usine.
 
 
Présentation fiche signalétique de l’unité de méthanisation

Nature du gisement traité OMR +Bio déchets
Process de méthanisation Kompogas
Date de mise en service industrielle déc-08

Quantité de déchets entrants sur le site  (en tonnes/an) données théoriques données réelles 2009
Ordures ménagères 170 000 120 000
Biodéchets 33 000 5 000
Autre : déchets verts ou autres Déchets verts broyés Déchets verts broyés, compost mûr,
et refus de criblage déchets vert
Autre 4 000 5 800
Total 207 000 130 800
Source données ADEME Amorce

Quantités entrantes dans le digesteur (en tonnes / an) données théoriques données réelles 2009
FFOM issue d'OMR 77 050 28 800
Déchets verts    
Biodéchets (issu de collecte séparative) 30 000 5 000
Autre (déchets verts broyés, compost mur et refus de criblage)    
Autres   5 800
Total 107 050 39 600
Pourcentage de déchet rentrant dans les digesteurs
par rapport aux déchets entrants à l'usine
52% 30%
Source données ADEME Amorce
 
 La montée en charge de la collecte des biodéchets reste une priorité. À combien évalue-t-on le nombre d'habitants concernés actuellement par la collecte séparative des biodéchets sur l'agglomération montpelliéraine et quelle montée en charge prévoit-on ?

Quai de dechargement OMR - © Montpellier Agglomération Depuis 2009, la collecte des biodéchets a porté essentiellement sur l'habitat pavillonnaire avec 180 000 habitants concernés, ainsi que sur certains secteurs en petit collectif à hauteur de 40 000 habitants. L'année 2010 sera l'occasion d'étendre cette collecte au centre-ville historique où l'on touchera environ 20 000 habitants. Le programme prévoit d'étendre progressivement cette collecte par tranches de 10 000 habitants de manière à équiper, en tout, 300 000 habitants d'ici deux ans. Or, l'agglomération compte 400 000 habitants environ, ainsi 75 % de la population sera concernée à brève échéance. Les grands collectifs resteront peu ou pas concernés. Il semble en effet prioritaire de communiquer tout d'abord sur une meilleure qualité du tri des emballages ménagers. Dans ce cadre une convention de partenariat avec les bailleurs sociaux et la société Eco-Emballages a été mise en place pour faire progresser la qualité du tri des emballages dans l'habitat vertical. On évaluera, ensuite, les modalités de mise en place une collecte de biodéchets sur les grands collectifs.

 Quel est le taux de participation moyen et le niveau de performance en terme de collecte séparative des biodéchets ?

 Si l'on considère que 220 000 habitants sont concernés, alors, au vu des tonnages 2009, le ratio s'établit à  22 kilos/habitant/an. Cependant le taux de participation est contrasté entre le secteur pavillonnaire et les autres types d'habitat. Le taux de participation du secteur pavillonnaire demeure le plus élevé. Il a fait l'objet de comptages et s'établit, selon les communes, entre 25 à 40 % de la population, On estime ainsi que là où les habitants trient, non seulement la qualité du tri est tout à fait satisfaisante, mais la quantité est elle aussi, correcte. Cela se traduit d'ailleurs par un taux de refus faible, inférieur à 10 %. La collecte en conteneurs en grands collectifs est plus complexe et le taux d'indésirables beaucoup plus élevé. Cette situation avait d'ailleurs été anticipée par la collectivité qui lors de la mise en place du tri des biodéchets en sacs couleur sur 15 000 foyers en collectif, avait prévu le fonctionnement d'une cabine de tri pour l'enlèvement manuel des encombrants et autres indésirables sur la chaîne de tri optique « Optibag » des sacs.
 

 Le coût figurant dans le dossier Amorce s'établit à 73,3 millions d'euros. Les différents avenants s'élèveraient à plus de 7 millions d'euros, ce qui correspondrait, tout mis bout à bout, à 81 millions d'euros. À votre avis, le coût d'objectif en termes d'investissement a-t-il pu être respecté ? À combien s'élève le coût total de cette installation?

 Depuis le constat d'achèvement des travaux réalisé en mai 2008,  il y a déjà eu deux avenants en cours de chantier, (voir détail ci après) un troisième avenant a eu lieu pour 4,2 millions d'euros. Une troisième et dernière tranche de travaux aura lieu à l'automne 2010 pour un montant de 2,5 à 3 millions d'euros.
Le total des avenants se montera donc à 7 millions d'euros, ce qui signifie que par rapport au coût d'objectif initial de 73,3 millions d'euros, le coût total de l'installation s'établira effectivement, à 80, voire 81 millions d'euros.
 
 
Les récents avenants :

Présentation des travaux réalisés pour optimiser les performances de l’Unité de méthanisation Amétyst
En avril 2009, Vinci Environnement a engagé, à la demande de Montpellier Agglomération,  d’importants travaux dans l’objectif de limiter les nuisances constatées en phase d’essais sur le site Amétyst et d’en optimiser les performances de traitement.
Cet important chantier, mobilisant 3,4 M€ (co-financés par Montpellier Agglomération à 76,5 % et par le contructeur à hauteur de 23,5%) est aujourd’hui terminé : les résultats sont significatifs.
 Dans un premier temps, ce sont les équipements les plus générateurs d’odeurs à l’extérieur du site qui ont été améliorés :
 Réalisation d’un bâtiment permettant la couverture des tapis d’alimentation et des entrées des BRS© (cylindres de fermentation primaire).
 Réalisation d’un capotage des fosses de sortie des BRS©. 
 Couverture de l’ensemble des convoyeurs de transport des déchets du bâtiment de déshydratation vers la maturation (100 mètres de tapis).
 Doublage des rideaux des portes de sorties des zones d’évacuation des refus du tri primaire.

 Des travaux complémentaires ont été réalisés en parallèle pour améliorer les performances de l’unité : 
 Elargissement et aménagements divers des tapis de tri des ordures ménagères et d’alimentation des BRS©,
 Ajustement des mailles  de trommels et convoyeurs,
 Remplacement des tables vibrantes, aménagements des accès du personnel...

 La prolifération des mouches, qui s’est développée au début de la montée en charge du processus biologique de compostage, a été stoppée par l’installation de dispositifs permanents de destruction des insectes.
L’ensemble de ces perfectionnements constitue la partie de travaux la plus importante du programme issu de la phase d’essais pour lutter activement contre les nuisances à l’intérieur et à l’extérieur du site.

 Les nouveaux travaux réalisés au 1ere trimestre 2010 
  Mise en place d’un système de compaction des refus légers pour réduire la fréquence d’ouverture des portes de la zone de tri et la fréquence de circulation des camions de transport des refus.
  Mise en place d’une unité de désodorisation au charbon actif spécifique au hall de réception des OMR.
 Fermeture de l’aire de lavage des engins d’exploitation.

 Le coût d'exploitation figurant dans le dossier Amorce s'établit à 3 650 000 €/an, soit 29,2 euros la tonne (prix du contrat d'exploitation). Ce coût d'exploitation est très largement inférieur à celui des autres installations de méthanisation présentées dans le dossier réalisé par l’Ademe et Amorce. Quels sont, d'après vous, les intérêts, mais aussi les limites, d'un tel coût d'exploitation, qui, précisons-le,  n'inclut pas le traitement des refus ?

Capotage des BRS-sortie - © Montpellier Agglomération Le coût d'exploitation total avec le traitement des refus majoritairement envoyés en enfouissement, s'établit à 90 €/tonne, affirme Christian Valette, tandis que Christophe Deligny rappelle que ce coût traduit l'existence d'une filière de traitement des biodéchets certes, mais aussi du traitement des ordures ménagères résiduelles avec un tri et une préparation. Or, la filière OMR présente un taux de refus de l'ordre de 55 à 60 % ( y compris les stabilisats). Ainsi le différentiel entre  le coût global de traitement de 90 €/T et le coût d'exploitation de 29,2 €/T s'explique par le coût du traitement des refus : un quart et acheminé sur l'usine d'incinération de Lunel Viel à 115 € /T + 2 € /T de TGAP, et les trois-quarts sont enfouis à un prix de l'ordre de 65 € /T.

- Rappelons que le prévisionnel établi par le constructeur prévoyait 42 000 t de stabilisât et 107 000 t de refus, soit 149 000 t de déchets à évacuer sur un total de déchets à traiter entrant à l'usine de 207 000 t. Cela correspond à un taux de refus de 72 %-

Quantité de refus produite (en T/ an) données théoriques données réelles 2009  
Stabilisat (0- 60 mm) 42 000 16 940 Avec le stabilisat qui est envoyé en enfouissement soit 42 000 t théoriques, l’ensemble des refus théoriques est de 149 000 t soit 72 % de l’entrant envoyés majoritairement en enfouissement et un peu en incinération faute de place suffisante en décharge ( bilan constructeur)
Destination Stockage Enfouissement
Refus dont refus légers 107 000 73 060
Destination Stockage et incinération enfouissement et incinération
Total 149 000 90 000  
Ratio : quantité de refus par rapport
au tonnage entrant
72% 69%  
Source données ADEME Amorce
 Si le stabilisât pouvait faire l'objet d'une destination plus noble, en particulier le recouvrement de décharge, on ne comptabiliserait alors que 107 000 t de refus ;  le ratio se réduirait à 52 % du tonnage entrant. Actuellement, malheureusement, ce stabilisât est évacué en décharge au même prix que les refus...

Caisson charbon actif biofiltre - © Montpellier Agglomération Le stabilisât d’OMR doit bien être considéré comme un déchet destiné à être évacué dans un centre d'enfouissement de classe 2, du fait même de sa nature qui ne peut en aucun cas obtenir la norme compost. L'objectif initial n'était d'ailleurs pas de valoriser ce stabilisât, car cette fraction fine 0-40 mm sur OMR concentre les indésirables (dont les éléments trace-métalliques), mais bien de stabiliser cette matière organique avant enfouissement. Par contre, la fraction intermédiaire de 40 à 300 mm, devait permettre l'élaboration d'un compost normé. Il était prévu que la fraction supérieure à 300 mm, correspondant à des résidus non valorisables (encombrants), serait également écartée, expose Christophe  Deligny.
Cependant le Directeur des services techniques ne partage pas l'analyse du constructeur qui avait établi un prévisionnel de taux de refus à 149 000/207 000 tonnes soit 72 %, mais considère que le taux de refus s’établira plutôt autour de 57 à 58 %.
En effet, en 2009, sur 130 000 t entrantes, la quantité de refus s'est établie à 73 000 t avec 16 900 t de stabilisât, soit moins de 90 000 t. On obtient ainsi un ratio de 69 %, mais cela ne correspond en rien aux performances attendues de l'usine telle qu'elle sera réceptionnée à la fin de l'année 2010. Le taux de refus devra alors s'établir à 60 % maximum.

NB sur la nature des refus: les refus correspondent à la somme des refus légers > 300 mm issus du premier crible, des refus supérieurs à 80 mm issus du deuxième crible, c'est-à-dire sortis du bioréacteur, et aux refus supérieur à 20 mm issus du troisième crible.

 Si la quantité prévisionnelle de refus s'établit à 107 000 t/an, pour la fraction éliminée en enfouissement, d'après certaines sources d'information, on pourrait utilement retenir un prix moyen d'enfouissement à 65 € /T (auquel il faut rajouter 17 € de TGAP). Si l'avantage réside dans le fait que le centre d'enfouissement appartient à la collectivité, l'élément limitant réside dans la capacité nominale de réception du site, qui ne peut dépasser 83 000 t/an. La collectivité ne peut donc pas faire autrement que d'y apporter tout d'abord le stabilisat à hauteur de 40 000 t environ et compléter ensuite, avec des refus et aussi des encombrants de déchetteries. Cela signifie que le reste, soit près de 60 000 t devrait être évacué vers l’incinération. Qu'en est-il exactement ? Quel est le coût de ce traitement ?

Batiment entrée BRS - © Montpellier AgglomérationLe quart du tonnage des refus est envoyé en incinération sur l'UIOM de Lunel Viel soit 20 à 25 000 t/an1. Il s'agit essentiellement de refus légers à haut PCI. Leur caractéristique énergétique, 2800 kcal/kilo, diminue la quantité de déchets admissibles dans l'usine d'incinération, ce qui explique leur coût d'admission plus élevé à 115 €/T. Les trois quarts des refus sont envoyés en enfouissement sur la décharge de Castries. Cette décharge qui appartient à la ville, présente une capacité nominale de 83 000 t. La collectivité ayant réservé une partie de la capacité au refus du centre de tri Demeter, la quantité de refus envoyée sur ce site serait d'environ 68 000 t/an.


1
en fait l'agglomération de Montpellier envoye 25 à 30 000 t sur l'UIOM de Lunel Viel ce tonnage inclus les refus de tri du centre de tri Demeter.

 Quelle est la durée de vie résiduelle du centre d'enfouissement de Castries ?

 La décharge de Castries bénéficie d'une autorisation administrative d'exploiter (pour un casier) jusqu'en 2015. L'ouverture d'un deuxième casier nécessiterait une nouvelle autorisation, ce qui impliquera la réalisation d’une nouvelle enquête publique. Et comme le précise Christian Valette, « pour pouvoir appréhender l'avenir sereinement, il faudrait pouvoir bénéficier d'un deuxième centre d'enfouissement. Plusieurs pistes ont déjà été étudiées qui n'ont pas abouti, car les sites étaient situés hors du périmètre de l'agglomération. Actuellement un projet privé est à l'étude, mais il rencontre quelques difficultés »...

 Parlons performances et ratios de performance ; l'analyse s'appuyant sur les ratios figurant dans le bilan Ademe-Amorce. 
Quelle est la production de biogaz ? Que devient ce biogaz ? Quelles sont les limites fortes à une meilleure exploitation de ce biogaz ? L'installation THIOPAC pour traiter des résidus de lavage de gaz est-elle déjà opérationnelle ?

Le ratio de performance prévisionnel en terme de rendement du biogaz prévoyait 14 400 000 Nm3 produits pour 107 000 t entrantes en méthaniseur, soit 134 m³ de gaz / tonne entrante. Qu'en est-il ?

Quantité de bio gaz produite (en Nm3 / an) données théoriques données réelles 2009
Quantité de bio gaz produite 14 400 000 5 544 000
Ratio : quantité de bio gaz par rapport au tonnage entrant en digestion (en Nm3 /T de déchets) 134,5 140,0
Source données ADEME Amorce

 

Capotage des BRS-sortie - © Montpellier Agglomération Le biogaz est transformé en électricité ; seule une partie est réservée au réchauffement des digesteurs. Si actuellement la production est essentiellement dévolue à la production d'électricité, on prévoit à terme, une transformation de ce biogaz en chaleur. Ce projet s'inscrit dans un objectif plus large de création d'un réseau de chaleur dans le cadre de l'extension de la zone d'activité économique GARONORD et de futurs quartiers d'habitation du secteur NOVALIE, proches de l'usine.
En ce qui concerne le processus de désulfuration biologique, Christophe Deligny précise d'ailleurs « qu’il a été mis en place à l'initiative de l'exploitant, dans le cadre de son contrat de délégation. L'objectif est d'abattre le soufre, pour réduire la teneur de ce composé dans les gaz rejetés dans l’atmosphère ».
Cette désulfuration biologique, par le procédé THIOPAC, sera fonctionnelle en octobre 2010. Elle permettra d'alléger la charge de chlorure ferrique introduite en entrée de digesteur.
Le Directeur des services souligne que l’on procède déjà à un abattement du H2S  en introduisant du chlorure ferrique dans les digesteurs. Les deux démarches : introduction de chlorure ferrique et désulfuration biologique resteront donc complémentaires.

2 Note :Le sulfure d'hydrogène (H2S) ou hydrogène sulfuré est un composé chimique de soufre et d'hydrogène, responsable de l'odeur désagréable d'œuf pourri.

Ratio de performances : en ce qui concerne les performances, les chiffres « consolidés 2009 » établissent un ratio de 150 Nm3/t entrante. La production s'élèverait à  8 740 396 m³ de bio gaz contenant 50 à 60 % de CH4, par rapport 39 500 T entrantes dans le méthaniseur soit depuis avril 2009.

 Parlons digestat et compost. Quelles ont été les quantités produites, celles mises sur le marché ? Le compost est-il conforme à la norme NFU 44 051 ? Quels ont été les modifications introduites pour adapter l'installation aux spécifications de la norme ? Validez-vous le ratio figurant dans le bilan Ademe-Amorce en termes de production de compost par tonne entrante sur le site ?
Si oui, comment expliquez-vous le faible ratio de compost 3665 t par rapport à 130 000 t entrantes sur site, soit 3 % par rapport au prévisionnel de 13,5 %  (28 000 t/207 000 t) ?

 Le site a permis la production de 3665 t de compost pour l'année 2009 ; 1665 t de compost ont fait l'objet d'une commercialisation et 1000t  ont été réintroduites dans les digesteurs parce qu'on manquait de bio déchets, d'autre part.

Quantité de compost produite (en tonnes par an) données théoriques données réelles 2009 remarque
Compost conforme à la Norme NFU 44 051 28 000 t 3 665 t (1665 + 1000)
Destination prévue Valorisation agricole Valorisation agricole et
réaménagement de sites
 
Prix de vente moyen 7 euros/T 7 euros/T  
Ratio : quantité de compost normé
par rapport au tonnage entrant
14% 3%  
Source données ADEME Amorce

 

La totalité du compost produit dès 2009 était conforme à la norme NFU 44 051. Il y a eu quelques soucis sur la teneur en impuretés, ce qui a contraint l'exploitant à sur-affiner le compost en mettant en place une quatrième bande à rebonds pour éliminer les éléments lourds, dont le verre. Une partie de la chaîne d'affinage a été revue en 2009 ;  actuellement, tout le compost produit est conforme à la norme NFU 44 051. En effet, si la production de compost n'a été que de 1665 t en 2009, on a déjà enregistré, depuis le premier trimestre 2010, une production de 2000 t. De fait, le niveau de production de 2009 correspond  à une année transitoire ; il sera utile de refaire un bilan fin 2010 pour être en mesure d'apprécier la performance des résultats.
 
 Qu'y a t-il de prévu pour le traitement des éluats ? À combien estime t-on leur production annuelle ? Quelle solution de traitement avait-il été prévu sur le site en cas de production saisonnière ?

Laveur depoussiereur traitement amont desodorisation/zone maturation - © Montpellier AgglomérationLe process, dans sa conception même, n'est pas producteur d'éluats ; ces derniers sont recyclés en interne pour la préparation des déchets dans le BRS et introduits dans les digesteurs au niveau des mélangeurs.
Cependant, l'engagement contractuel de performance du constructeur s'établit à 10 000 m³/an des éluats (maximum). Ces jus, en cas de production saisonnière, sont recueillis dans une cuve de stockage d'une capacité maximale de 1000 m³. La solution de traitement prévue en secours est le raccordement au réseau d'assainissement. De fait, la production d'éluats a présenté récemment un léger excédent et on a dû procéder à des rejets dans le réseau d'assainissement. L'analyse réalisée a démontré que ces rejets étaient conformes à l'arrêté préfectoral délivré. Cependant, le concessionnaire gestionnaire de la station d'épuration a présenté des exigences supérieures en termes de qualité des éluats. La collectivité conduit donc actuellement une campagne de caractérisation de manière à évaluer la pertinence de mettre en place une unité de prétraitement de ces éluats sur l'usine de méthanisation, avant rejet au réseau.
 

 En termes de gênes, nuisances ou bien dommages, quels sont les problèmes que l'on peut actuellement considérer comme résolus et quels sont ceux que l'on peut considérer comme subsistants ? En particulier, en termes d'odeurs émises, de bruit de fond, mais aussi de circulation des camions ? … Quels sont les indicateurs de performances qui ont été mis en place au niveau de l'usine pour suivre ces problématiques ? Quels sont, d'après vous, les problèmes qui risquent d'advenir à terme ?

 Nous avons rencontré deux problèmes majeurs au cours de ces derniers mois, expose Christian Valette  : un problème dû aux mouches et un second concernant les nuisances olfactives. On peut raisonnablement considérer qu’aujourd'hui, le problème des mouches est bien maîtrisé, grâce à des traitements régulièrement réalisés sur l'usine. En ce qui concerne les nuisances olfactives,  il a été mis en place un jury de nez, avec l'association régionale Air Languedoc-Roussillon. Dans le cadre d'une convention, cette association anime un réseau de riverains volontaires qui recensent les odeurs susceptibles de se diffuser autour du site. En particulier, ce jury de nez, s'est engagé à remplir régulièrement des fiches sur la nature et le niveau d'odeurs émises. Parallèlement, un registre des plaintes a été mis en place à l'usine qui recense la nature les doléances, le plus souvent transmises par téléphone. La problématique des odeurs arrive en tête, un opérateur note pour chaque appel reçu, sa localisation, l'horaire, la nature de l'odeur, etc. Ceci de manière à pouvoir ensuite traiter ces plaintes et les mettre en adéquation avec les caractéristiques météorologiques du jour.
Cela a permis d'identifier l'origine des odeurs et leur importance.
Tunnel de transfert des convoyeurs maturation - © Montpellier AgglomérationLa collectivité a ainsi pu établir que la localisation géographique des appels provenait essentiellement d'un rayon étroit autour de l'usine inférieur ou égale à 250 m. Les personnes concernées sont des riverains mais également des salariés d'entreprises environnantes. De ce fait, il a été programmé deux tranches de travaux supplémentaires qui seront réalisées en 2010, de manière à diminuer de manière importante les sources d'émission. Les sources d'émission ont déjà été corrigées avec la mise en place, principalement, de la couverture des tapis transporteurs et la couverture de la zone d'entrée et de sortie des BRS. La deuxième tranche de travaux portera sur des mesures correctives aérauliques, de manière à augmenter la mise en dépression des bâtiments. Ces travaux devraient permettre d'aboutir à un niveau d'odeurs « acceptable » sans pour autant poursuivre l’objectif d'atteindre le niveau « zéro odeur »...
Je précise que si 140 riverains s'étaient manifestés en 2009 (dont certains plusieurs fois), sur l'année 2010, on n'a pour l'instant recensé que 40 personnes qui se sont déclarées encore incommodées par les odeurs de l'usine. Il faut dire qu'il s'agit de personnes qui résident  dans un cercle étroit autour de l'installation dont le rayon est inférieur à 250 mètres.

 L'une des mesures correctives ne consisterait-elle pas à bloquer l’urbanisation autour du site ?

Le site est actuellement totalement construit ; seules quelque parcelles à urbaniser subsistent :  elles sont réservées, à terme, à l’activité industrielle. Par ailleurs, les programmes d’urbanisation à 5 ou 10 ans porteront sur la mise en place de zones d'aménagement concerté et seront situées à plus de 500 m de l'unité de méthanisation.

Qu'est-ce qui peut, raisonnablement, être considéré comme étant des points forts de l'usine en termes d'adaptation et de bonnes réponses aux problématiques environnementales? Cette approche intègre les spécificités du site, mais également l'historique ... Quelle était la solution antérieure pour traiter les ordures ménagères et quel est le bilan de cette nouvelle solution ?

Interieur tunnel de transfert des convoyeurs maturation entre zones 7 et 8 - © Montpellier AgglomérationLes déchets ménagers étaient auparavant mis en décharge sur la commune de Lattes. Pendant 40 ans, la décharge du Tôt a reçu des déchets de toute l’agglomération ce qui a abouti à transformer une dépression en dôme, et a généré un niveau insupportable d'odeurs pour les habitants de la commune.
Le choix a été fait en 2002 de retenir un procédé de méthanisation et de traiter l'ensemble des déchets produits sur la communauté d'agglomération. Le niveau de gènes de nuisances ou de dommages générés lors des dernières années de vie de la décharge du Tôt ont été tout à fait importants avec en particulier des envols et des nuisances olfactives sur 2 à 3 km à vol d'oiseau, sans compter les émissions de biogaz de décharge. Il semblait donc essentiel d'améliorer la situation.

Quels sont les aspects de cette usine que l'on pourrait raisonnablement considérer comme un référentiel d'expériences transposables à d'autres collectivités locales ? Quelles sont les recommandations que vous pourriez faire à une collectivité locale qui souhaiterait s'engager dans une démarche de méthanisation à la lumière de votre réalisation ?

 Améliorer nos performances consistera essentiellement à étendre la collecte sélective des biodéchets. Nous ne nous fixons pas de délai pour réaliser cet objectif, mais prévoyons une montée en régime de la quantité de biodéchets collectés : nous manquons actuellement  de biodéchets pour alimenter les digesteurs dédiés.
Il y a fort à parier que l'optimisation de nos collectes sélectives, sera soutenue par la réglementation. En effet, nous pensons que la loi Grenelle II avec l'objectif de valorisation des biodéchets des gros producteurs favorisera la montée en charge du système.
Pour ce qui concerne les collectivités locales qui souhaiteraient s'engager dans la méthanisation, Montpellier agglomération est tout à fait ouverte à la communication et prête à accueillir toutes les collectivités qui souhaiteraient visiter l'usine.
Cependant il paraît opportun de rappeler que chaque territoire présente des natures de déchets différentes. Ainsi, lorsque nous avions visité l'usine de Saint-Lô, nous avions pu remarquer que cette unité présentait des digesteurs dimensionnés pour traiter 20 à 30 000 t, taille qui nous semblait optimisée pour la méthanisation de fractions différentes ; il est avéré, en effet, que le territoire concerné est plus rural qu'urbain. La nature rurale du territoire a d'ailleurs facilité la tâche du syndicat, puisque l’unité de Saint-Lô a rencontré moins de difficultés pour régler sa chaîne de tri d’ordures ménagères résiduelles, que nous mêmes... À Montpellier, subsistent encore des difficultés à extraire la matière organique à partir des ordures ménagères résiduelles. Pour le futur, l'amélioration des performances de l'usine dépendra bien évidemment de l’exploitant...
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Avec nos remerciements à Nadia Diminutto, ingénieur environnement pour son aimable collaboration