Recyclage D3E : un laboratoire franco-singapourien

Le 13/03/2019 à 13:58  
Recyclage D3E : un laboratoire franco-singapourien
 Le CEA (Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives) et NTU (Nanyang Technological University - Singapour) viennent d'inaugurer leur laboratoire commun de recherche sur l’économie circulaire : SCARCE (Singapore CEA Alliance for Research in Circular Economy). Installé à Singapour, il vise à développer des solutions technologiques pour promouvoir une gestion durable des déchets de produits électriques et électroniques, par une revalorisation des ressources et une réduction des impacts environnementaux...

 A l’occasion de l’année de l’innovation Singapour-France en 2018, le CEA et NTU ont initié une collaboration en faveur de la recherche et du développement technologique de solutions innovantes et respectueuses de l'environnement, comme la robotisation du tri sélectif, la microfluidique, l'électrochimie ou l'extraction par des solvants de la chimie verte. Cette collaboration concerne en particulier le traitement et le recyclage des déchets électriques et électroniques (D3E ou DEEE), et l'exploration de nouvelles méthodes de récupération et de réutilisation des métaux contenus dans ces déchets (voir notre dépêche).

 Cette collaboration s'appuie sur l'expertise du CEA en matière de recyclage des matériaux, issue des développements technologiques pour le cycle des combustibles nucléaires. De son côté, la République de Singapour est à la recherche de solutions en rupture pour la gestion de ses D3E. L’Agence Nationale pour l’Environnement de Singapour (NAE) apporte son soutien à SCARCE dans le cadre du programme de R&D CTWL (Closing the Waste Loop). Les 3 organisations contribuent à hauteur de 20 millions de dollars singapouriens au laboratoire.

 En rassemblant, au sein d'un même laboratoire implanté à Singapour, une quarantaine d’experts scientifiques et techniques, les partenaires vont rechercher des solutions de rupture en matière de tri, de dissolution, de séparation et d'utilisation des matériaux récupérés dans les déchets électroniques, avec la motivation première de développer des procédés économiques et respectueux de l’environnement. Les équipes s’intéressent en particulier au cycle de vie des batteries lithium-ion, des panneaux solaires silicium, des cartes de circuits imprimés et des plastiques contenus dans les D3E.

 Ces déchets contiennent à la fois des matériaux précieux et des substances toxiques voire dangereuses ; leur gestion pose un problème croissant dans le monde entier. Une étude récente des Nations Unies a révélé que 44,7 millions de tonnes de déchets électroniques ont été générées dans le monde en 2016 et que seulement 20% environ de cette masse est dans un processus de recyclage (voir notre article). A Singapour, environ 60.000 tonnes de déchets électroniques sont générées chaque année ; 6% d’entre elles sont recyclées et 9% sont données à des fins de réutilisation.
 Les D3E représentent à la fois une ressource intéressante et une menace pour l'environnement : leur simple mise au rebut engendre la perte de quantités significatives de métaux précieux et sans traitement approprié, les substances toxiques voire dangereuses qu’ils contiennent peuvent avoir de larges impacts sur l’environnement et la santé publique. Leur retraitement et leur valorisation suscite donc un intérêt très fort dans de nombreux pays du monde. Mais les technologies actuelles impliquent l’utilisation d’acides forts et de produits chimiques pour extraire les métaux précieux tels que l’or, l’argent et le platine, ainsi que des systèmes coûteux de contrôle de la pollution et de traitement de l’eau.