Recyclage : Kervellerin ne reste pas dans sa coquille...

Le 25/10/2016 à 19:15  

Recyclage : Kervellerin ne reste pas dans sa coquille...

Huîtres Voilà un déchet auquel on ne pense pas forcément ; et pourtant... Des tonnes de coquilles résultent de la production et de la consommation de coquillages, des déchets inexploités qui n'attendaient qu'une chose : que l'on se plonge sur des perspectives de recyclage. C'est fait et avec un succès grandissant. Si dans un premier temps, l'usine morbihannaise de Kervellerin a fourni un produit sous forme de fertilisant destiné à l'agriculture et sous forme de complément alimentaire pour les animaux, l'usine bretonne a depuis lors conquis bien d'autres marchés...

 Le recyclage est décidément une source d'inspiration inépuisable, mettant toujours en présence des déchets, d'une part, et des intelligences, d'autre part, et ce dans des domaines variés et parfois inimaginables, du moins au départ.

C'est ainsi qu'une association, Perlucine, qui a pour objectif la réinsertion de personnes en difficulté sur le marché de l’emploi, et qui travaille sur plusieurs axes de développement, dont l’élaboration avec les différents acteurs concernés (institutionnels, associatifs et économiques) d'actions visant à réduire la quantité de coquilles d’huitres à partir de gisements parfaitement identifiés s'est vu confier par Kervellerin, la mission de collecter ces déchets issus de l'ostréiculture. Il s'agit d'alimenter une filière de valorisation pérenne et durable, mais également le développement de différents ateliers de production créateurs d’emplois répondant aux besoins des acteurs et du territoire en prenant notamment en compte l’économique : l'association vient de réaliser sa première collecte de coquilles d’huîtres, auprès des entreprises conchylicoles du Tour du Parc, ce lundi 24 octobre...

 Pour ce qui est de l'économique, le ciel est dégagé : les coquilles sont aujourd’hui reconnues comme une matière et non plus comme du déchet. Si Perlucine a pour objectif, via des collectes sélectives, de favoriser leur valorisation sur le territoire de la rivière de Pénerf puisqu'on y a identifié trois gisements (entreprises ostréicoles, plages et déchets ménagers/restaurateurs/campings), et ce, en partenariat avec le Comité régional de la conchyliculture de Bretagne-Sud (CRC), c'est bel et bien parce que le débouché est assuré. Les coquilles sont donc regroupées par les conchyliculteurs locaux, puis acheminées vers l’usine de Kervellerin située à Cléguer, lequelle s'est fait une spécialité que de les recycler dans de multiples domaines (industrie, agro-alimentaire, pharmaceutique, cosmétique...). On retiendra que ce type d’initiative est encouragé par la Région Bretagne, qui souhaite développer « l’économie circulaire à impact positif » sur son territoire.

Depuis les années soixante, l'usine morbihannaise élabore ses produits en limitant le recours aux composants chimiques, en engageant une démarche d’éco-conception et en réduisant les dépenses énergétiques pour lutter contre l’effet de serre. Les coquilles d’huîtres servent par exemple, pour la peinture et l’impression 3D.

 L’ingrédient naturel Ostrécal®, concentré de coquilles d’huîtres, développé par l’Usine de Kervellerin permet de réduire l’utilisation de composants issus du pétrole ou de l’exploitation de carrières (ressources épuisables). De la mer vers la terre en passant par une touche d’économie solidaire, c’est la formule cradle to cradle mise au point par cette société familiale bretonne, dirigée par Martine Le Lu, docteur en pharmacie, qui, il y a environ dix ans, a observé qu’une ressource locale et renouvelable est inexploitée : les restes de l’activité conchylicole, notamment les coquilles d’huîtres traitées comme des déchets invendables.
Depuis lors, la dirigeante explore des pistes pour « tirer vers le haut » ce résidu. Après trois années de R&D, elle met au point un processus industriel aboutissant à la création d’un ingrédient naturel dénommé Ostrécal®, auquel elle trouve plusieurs marchés puisqu'il est commercialisé auprès des fabricants de peinture leur permettant de réduire l’utilisation de composés issus du pétrole ou de l'exploitation des carrières, tout en conservant le même niveau de qualité de leur produit final. Ce produit issu du recyclage trouve aussi preneur sur le marché des matières plastiques  : il entre désormais dans la composition d’un filament biodégradable l'Istroflex® pour impression 3D. Distribué par la société Nanovia, cette innvovation résulte d’un travail collectif avec le plateau technique Compositic (université UBS- Lorient), et entend se faire une place sur un marché où le « made in China » règne en maître.
 Créée depuis plus de 60 ans, la société Usine de Kervellerin a peu à peu développé une gamme de produits à partir de ressources naturelles marines (algues) et d’éco-produits (huîtres, coquilles Saint-Jacques, crépidules, …). Présente dans plus de 20 pays, l'entreprise est le fournisseur privilégié de nombreux domaines d’activité, tels que les fertilisants pour les sols ou les compléments alimentaires pour les animaux, et plus récemment, l'industrie de la peinture ou encore de l'impression 3D, mais aussi, la cosmétologie et la para-pharmacie.