Recyclage : quand le plomb fait grise mine…

Le 28/03/2014 à 18:05  
Recyclage : quand le plomb fait grise mine…
Après qFonderie de Nordenhamue le spécialiste du recyclage du plomb et des batteries automobiles ait affiché ses comptes annuels, indiquant avoir subi une perte de près de 40 millions d'euros en 2013, réaffirmant devoir trouver des financements externes pour assurer son exploitation à moyen terme (il mise sur des offres fermes d'ici fin juin), l'action Recylex s'est effondrée de 16,2% à l'ouverture du marché parisien, à 2,80 euros, au plus bas depuis septembre dernier. Le marché se montre pour le moins inquiet : la trésorerie est descendue à 6,9 millions d'euros contre près de 30 millions d'euros un an avant…

Les temps sont durs... Nette dégradation de la situation, en raison des conditions de marché difficiles l'an dernier. Malmené par la crise, les marchés en berne, des procédures judiciaires sans aucun doute coûteuses, le groupe métallurgique, spécialisé dans la production, la transformation et la valorisation du zinc, du plomb et des métaux spéciaux, a fait part hier soir d'une année 2013 en sérieuse baisse : la perte s’est creusée à 39,6 millions d’euros, contre un déficit de 6,6 millions un an plus tôt…

« L'année 2013 ayant été particulièrement difficile, notamment dans le secteur plomb, la décision a été prise de cesser l'activité fonderie de la filiale belge FMM mais néanmoins, nous avons renforcé nos investissements afin d'améliorer notre rentabilité, notamment dans le segment plomb et le segment plastique. Recylex étudie actuellement de nouveaux projets, tels que la possibilité de traiter et de valoriser certains sous-produits de la fonderie de Nordenham » a indiqué Yves Roche, PDG du groupe, dans un communiqué.
Cette année, dès l’excédent brut d’exploitation, les comptes sont déficitaires, de plus de 13 millions, contre un bénéfice de 19,6 millions à fin décembre 2012. Le chiffre d’affaires, déjà publié, a reculé de 7% à 438,1 millions (voir Métaux : la faiblesse des cours rend l'exploit difficile). S’ajoutent à cela, les autres grands indicateurs, qui se sont également dégradés. Le cash-flow opérationnel courant avant impôts est négatif de près de 2 millions et la trésorerie s’est dégradée d’environ 23 millions (elle est actuellement à un peu moins de 7 millions au 31 décembre dernier contre 29,8 millions un an auparavant, en raison des investissements effectués, aux efforts de réhabilitation du site de l'Estaque et au paiement du plan de continuation).
 

Héritage du passé industriel et minier de Penarroya et de Metaleurop, Recylex SA a la charge de réhabiliter plusieurs sites arrêtés sous l’égide et le contrôle des autorités minières et environnementales, avec l’appui de prestataires spécialisés et reconnus.
Au 31 décembre 2013, sur le portefeuille initial de 28 mines, Recylex a d’ores et déjà procédé à la renonciation de 17 concessions minières depuis 2005. 8 autres anciennes mines sont en attente de renonciation auprès des autorités compétentes, les travaux ayant été entièrement réalisés. Enfin, les travaux de réhabilitation sont toujours en cours de réalisation pour 3 mines.
Par ailleurs, les travaux de réhabilitation du site industriel arrêté de L’Estaque à Marseille se poursuivent. L’année 2013 a été consacrée aux lourds travaux de terrassements, de construction et d’aménagement des pistes pour permettre le bon déroulement des travaux, à la gestion des eaux (constructions de bassins de rétentions des eaux amont et aval au site) et à la construction d’une première alvéole de confinement.
Ces sarcophages hermétiques d’une capacité de 300 000 m3, permettront de confiner les déchets de manière durable. L’architecture de ce site de confinement est de qualité identique à un centre de stockage de type classe 1, le projet ayant été validé par l’administration et par des experts indépendants. A date, cette alvéole est en cours de remplissage.
La société Recylex SA a initié une recherche de financements complémentaires ou de partenariats spécialisés, dédiés spécifiquement à la finalisation des travaux d’ici au 31 décembre 2015 et à la reconversion du site de l’Estaque.
A défaut de ces financements, une demande de report de l’échéance des travaux de réhabilitation devra être formulée auprès des autorités compétentes au cours du second semestre 2014 afin que la société ait la possibilité de réaliser ces réhabilitations de manière autonome.

Les éléments expliquant la contre-performance de 2013 ne manquent pas : « les coûts liés aux arrêts programmés de maintenance dans les segments Plomb et Zinc, ainsi que les pertes de volumes associées (…) des coûts d’approvisionnements supplémentaires en batteries au plomb usagées (…) un décalage entre le prix des ventes de plomb et la consommation comptable des stocks », explique le groupe dans son communiqué. Ceci ne suffisant apparemment pas à compenser l’amélioration de la performance industrielle depuis deux ans dans la fonderie de plomb de Nordenham en Allemagne et celle de la filiale allemande Harz-Metall dans le segment Zinc.

A tout ceci, s’ajoute une spécificité : des procédures judiciaires engagées par les salariés de Metaleurop Nord depuis plusieurs années. Recylex indique à cet égard, qu’en « cas de décisions défavorables en appel concernant les procédures judiciaires initiées en 2010 (…), les indemnités qui seraient octroyées se rajouteraient au passif du plan de continuation de Recylex SA et généreraient une dépense complémentaire qui ne serait plus compatible avec la trésorerie prévisionnelle disponible et les flux de trésorerie prévisionnels générés par les activités du groupe ».
Recylex rappelle que 411 anciens salariés ont formulé des demandes d'indemnisations en 2013 et 2014, pour préjudice d'anxiété et bouleversement dans les conditions d'existence. La société précise que 9 d'entre eux réclament des indemnités complémentaires pour licenciement sans cause réelle et sérieuse. Ainsi, le montant global réclamé s'élève désormais à environ 13 millions d'euros contre 11,9 millions d'euros précédemment, non-provisionné dans les comptes de Recylex.
Batteries au plomb
Pour autant, la société poursuit ses recherches de nouveaux financements externes pour faire face à ses besoins prévisionnels de trésorerie à l’horizon 2014 et 2015 (à hauteur de 16 millions d’euros, avec pour objectif d’obtenir des offres fermes d’ici au 30 juin 2014) et escompte restaurer sa profitabilité dès cette année, grâce à l'investissement.
En conclusion, on ne baisse pas les bras, loin s’en faut !
Recylex confirme en effet, que le groupe a décidé « d'intensifier ses efforts afin d'améliorer la rentabilité » du segment plomb. Mais pas seulement : il insiste sur sa volonté de poursuivre « ses actions commerciales dans l'activité de production d'oxydes de zinc pour développer ses sources d'approvisionnement», et aussi, mettre le paquet en vue d’une nouvelle « amélioration de la productivité ». Pour ce qui est du plastique (voir Recyclage du polypropylène : C2P modernise son usine), l’entreprise indique « se focaliser sur l'amélioration des performances de son outil industriel et poursuivre ses efforts de diversification du portefeuille clients en 2014 »…