Recyclage : Terminus s'arrête sur le plastique multicouches

Le 08/02/2019 à 9:50  

Recyclage : Terminus s'arrête sur le plastique multicouches 

Recherche Ce vaste projet européen est bien arrêté : défini de façon claire et précise, coordonné par Sigma Clermont, le programme a pour but de concevoir d’ici 4 ans, une nouvelle génération de plastiques et emballages dits intelligents qui seront dotés d’une fonction « autonome » de séparation des couches permettant leur recyclage. Innovation principale : inclure des enzymes, protéines produites par des cellules vivantes, dans les adhésifs et interphases entre les différentes couches composant le matériau d’emballage. Ce programme se donne en effet pour ambition de relever le défi du recyclage et de la réutilisation des matériaux pour emballage souples multicouches, utilisés dans les aliments, boissons, cosmétiques, aliments pour animaux domestiques, engrais et autres denrées périssables en général, autant de plastiques qui ne sont pas conçus pour être recyclés, et qui donc... sont enfouis ou incinérés.
 Les locaux de l'école d'ingénieurs clermontoise ont servi d'écrin à une réunion qui avait pour but de lancer officiellement le projet européen Horizon 2020 Terminus, l'école Sigma (qui met qui met à profit ses expertises combinées en chimie et en mécanique pour développer de nouveaux emballages « intelligents ») étant en effet en charge de la coordination de ce programme ambitieux qui vise à révolutionner le recyclage et la réutilisation des emballages multicouches plastiques utilisés notamment dans les secteurs agroalimentaires et cosmétiques. de fait, il s’inscrit directement dans la nouvelle stratégie portée par la Commission européenne pour protéger l’environnement de la pollution par les déchets plastiques.

 Un faible recyclage pour point de départ
Le constat relayé par la Commission européenne est que "les Européens produisent chaque année 25 millions de tonnes de déchets plastiques, dont seuls moins de 30 % sont collectés en vue de leur recyclage, tandis que ces mêmes matières plastiques représentent à elles seules 85 % des déchets retrouvés sur les plages, ou ailleurs dans la nature". D'où l'adoption, il y a un an, le 16 janvier 2018, d'une stratégie visant à mieuxprotéger l’environnement de la pollution par les plastiques, cette stratégie incluant un objectif qui n'a pas manqué de marquer les esprist : parvenir à 100 % de déchets plastiques recyclables à l’horizon 2030, certains secteurs économiques étant particulièrement concernés par cet objectif qui passera sans doute par des exigences : les secteurs agricoles, agroalimentaires et cosmétiques utilisent très fréquemment des emballages plastiques multicouches, non recyclables en l'état, ce qui signifie a contrario qu'eils sont éliminés faute de mieux.
De ces constats et visées européennes est né le projet Terminus qui sera coordonné par une école d'ingénieurs française, Sigma Clermont. La mission est d'envergure : concevoir d’ici 4 ans, une nouvelle génération de plastiques et d’emballages dits intelligents qui seront dotés d’une fonction "autonome"  de séparation des couches permettant leur recyclage.

Terminus : un programme bien arrêté...
"L’innovation consiste à inclure des enzymes à activité contrôlée et stimulable dans les adhésifs et interphases entre les différentes couches de polymère composant le matériau d’emballage. Après utilisation, la dégradation enzymatique de l'adhésif et de la couche de liaison est déclenchée par le biais d'une solution aqueuse, d'UV et de cyclodextrines. La délamination survient alors, ce qui permet de récupérer, de recycler et de réutiliser les matériaux monocouches, répondant ainsi aux objectifs d'économie circulaire et d'environnement de l'Union Européenne. La technologie sera appliquée aux adhésifs biodégradables à base de PUR utilisés pour le laminage à froid, ainsi qu’aux polymères et couches de liaison (PBS, PLA, PPC ou PCL) en extrusion-soufflage".
Ces plastiques intelligents pourront dès lors, être déposés dans les bacs jaunes, pour faire l’objet d’un traitement particulier au centre de tri, la dégradation enzymatique étant déclenchée par le biais d’ultra-violets dans une solution aqueuse, ce qui facilitera la séparation des différentes couches de l’emballage et donc leur réutilisation.
 

 Et un projet aux frontières de la chimie et de la mécanique

Le programme, qui a débuté ce 1er janvier pour une durée de 49 mois, s’appuie sur une équipe multidisciplinaire d'institutions renommées de 8 pays européens (France, Belgique, Allemagne, Italie, Suisse, Norvège, Suède, Lituanie) ayant une expertise dans la sélection des enzymes, la protection thermique et l’activation des enzymes, la biodégradation enzymatique des polymères, la formulation avancée de polymères, la fabrication d’emballages en plastique multicouches, le recyclage des plastiques : .
Soutenu par l'Europe, ce projet a bénéficié d'une subvention de 5 737 013 €, dont 849 782 € sont alloués à Sigma Clermont pour concevoir une machine prototype visant à séparer les couches d’emballage. Dès lors que Terminus aura abouti, il constituera une avancée décisive dans la réalisation des objectifs de l’Union Européenne : faire en sorte que tous les emballages en plastique mis sur le marché au sein de l’Union Européenne soient recyclables d’ici à 2030 ; réduire la consommation de plastiques à usage unique ; et vien évidemment limiter la dissémination des microplastiques.