Recyclage textile : on est dans de beaux draps !



D’aucuns prétendent en effet, que la récupération et le recyclage textiles traversent une crise endémique et ce depuis plusieurs années. Et quand on annonce que la filière embauche près de 3 000 personnes, il y a de quoi s’alarmer, en effet.
Les arguments ne manquent pas…





Autant d’arguments qui justifieraient, selon certains, la mise en place d’un éco-organisme…

Il est bon aussi, de rappeler qu’avant la naissance de ces entreprises d’un genre nouveau, les récupérateurs de textiles organisaient la récupération via des associations comme les Paralysés de France, la Croix rouge, et d’autres encore, qui collectaient en porte à porte grâce à l’action de bénévoles ; ces associations se faisant payer au tonnage récupéré.
A cette époque qui n’est pas si lointaine, il y avait comme sur tous les marchés cycliques, des hauts et des bas mais cela faisait partie du jeu et était admis par les professionnels…
Mais un jour, d’aucuns ont donc eu l’idée de créer des entreprises ou associations de réinsertion et aussi de conteneuriser la collecte : pour ce faire, on travaille main dans la main avec les collectivités locales, on implante des conteneurs au logo des entreprises en question. Des conteneurs implantés sur le territoire de la collectrivité et dont la gestion laisse parfois à désirer...
Bref : c'est le début d'une nouvelle ère ; exit les Paralysés de France et autre Croix Rouge…
On nous explique alors que la réinsertion, c’est bien. Ce dont nous ne doutons pas.
Et aussi que les récupérateurs ne collectant pas tout les textiles usagés, il y a en a pour tout le monde. Sauf que dans ce cheminement intellectuel, on oublie évidemment une notion essentielle qui est celle du débouché des produits collectés et triés, lequel passe par l’indispensable qualité du produit récupéré.

Ce qui justifie que l’on mette sur pied un petit éco-organisme de plus, avec, en prime, une petite éco-taxe de plus…
Le « modèle » français ne fait d’ailleurs pas l’unanimité : ni en France, ni à l’international (voir notre rapport)
Interrogé sur ce point, un professionnel accepte de nous parler sans ambages : "Eco-Textiles, c’est la mort de notre profession bien organisée par Le Relais, Emmaüs et les intérêts de certains parmi les professionnels traditionnels.
Il n’y a aucune logique économique dans ce modèle puisque ceux que je viens d'évoquer viennent chercher des subventions et rien d’autre ! Il faut avoir le courage de dire et dénoncer ce qui est en train de se passer", proclame notre interlocuteur.
"On risque de retrouver un jour des cadavres dans le placard … On veut en effet collecter 300 000 tonnes quand on a des difficultés à en écouler 120 000 tonnes par an : cherchez l’erreur"…

Sur ces 106 000 tonnes, 61 000 sont triées en France : ces textiles sont convertis en fripes (de moins en moins, à cause de la mauvaise qualité et de la concurrence de vêtements peu chers), en fibres, en tissus pour l’essuyage industriel, ou en feutres; et environ 14 000 tonnes sont considérées comme du rebut de tri et le plus souvent incinérées.

Le tout étant bien entendu un ordre de grandeur moyen qui n’est pas incompatible avec des variations…
En mai prochain, un réseau extranet pour les contributeurs sera mis en place, permettant ainsi de procéder à la facturation.
Pour ce qui est de l’effet rétroactif, rien pour l’heure n’est clairement déterminé. Du côté du relais, on e se cache pas et espère un premier versement au titre de l’année 2007 au cours du premier semestre 2009, puis un second au titre de l’année 2008 au second semestre 2009.
Du côté de l’éco-organisme, on n’est moins enclin à cette vision des choses…
Qu’on se rassure : une partie des sommes prélevées sera affectée à la R&D afin de trouver de nouveaux débouchés et mettre l’accent sur l’éco-conception des produits.
Les collectivités locales ne seront pas en reste, puisqu’une part du butin sera dédiée à la communication qu’elles mettront en œuvre sur le tri des textiles. Pour autant qu’on se le dise : les collectivités ne sont pas nécessairement ravies de la façon dont les choses se mettent en place…
Pour l’instant donc, tout le monde n’y trouve pas son compte …
Une bataille de chiffonniers des temps modernes serait-elle en vue ?

