Recycler les couches, ce n’est pas du pipi de chat…

Le 14/06/2011 à 15:34  
Recycler les couches, ce n’est pas du pipi de chat…
Recycler les couches Avec 1 million de tonnes de couches culottes jetées chaque année, en France, on comprendra l’intérêt de mettre au point un pilote pour tenter de les recycler. C’est chose faite puisque Suez s’est jetée à l’eau… Couches culottes, lingettes et autres mouchoirs en papier, font partie de la catégorie de déchets appelée «textiles sanitaires», dont la part ne cesse d’augmenter dans les poubelles. Le tout pèse aujourd’hui 34 kilos jetés chaque année par chacun de nous, soit 9% des déchets ménagers.

 Un constat s'impose : en moyenne, un bébé a besoin de 6 000 couches sur ses 2 premières années.
Ces déchets n’étant pas recyclés aujourd’hui, un programme de recherche pour tester la faisabilité du recyclage des couches a été mis en place, dans la mesure où les engagements du Grenelle de l’Environnement favorisent toutes sortes de filières nouvelles ou classiques. Du fait de l’importance du volume des couches jetées et les préoccupations grandissantes en matière de réduction des tonnages à éliminer, la Direction des Grands Projets de Sita a vu en cela l’émergence d’un marché de recyclage des couches usagées.

 Aussi, ce programme (baptisé « Happy Nappy ») de 340 000 euros a reçu le financement de l’Ademe à hauteur de 40% dans le cadre de l’appel à projets éco-industries organisé en 2009.
A travers celui-ci, c’est au CIRSEE, Centre de Recherche et Développement de Suez Environnementqu’est menée la phase de recherche à l’échelle laboratoire permettant de confirmer les hypothèses sur la faisabilité industrielle du procédé, ses bénéfices sur l’environnement et sa validité technique et économique.
Le programme de recherche consiste dans un premier temps, à tester un pilote qui sépare et isole les différents composants de la couche et dans un second temps, d’évaluer le potentiel de valorisation énergétique et matière des éléments qui composent les couches.
La première phase du pilote est basée sur le broyage des couches usagées afin d’isoler les différentes matières qui la composent : les plastiques 10 à 20%, les polymères Super Absorbants (SAP) 5 à 10%, les fibres 10 à 20% et les déchets organiques (matières fécales et urines) 50 à 70%.

 Ce n’est qu’une fois séparées et isolées que ces différentes matières pourront être recyclées. L’hypothèse de recyclage des couches repose sur une triple valorisation :
Production d’énergie, grâce au biogaz issu des déchets organiques
 Production de matières recyclées à travers le recyclage des plastiques
 Production de compost à partir des restes des déchets organiques
Le principe de valorisation des couches est basé sur la co-digestion, c’est à dire le mélange et la fermentation accélérée des déchets organiques des couches usagées avec les boues issues des eaux usées des stations d’épuration de Lyonnaise des Eaux. C’est la co-digestion qui fournira le biogaz.
Les équipes du CIRSEE et ses partenaires - INRA Narbonne, APESA2 - experts en méthanisation ont validé le process de séparation des couches, la qualité des matières produites et celle du biogaz. Aujourd’hui, l’ENSAT3 spécialisé dans la valorisation biologique, travaille à la conformité réglementaire du compost.
« La création et les résultats positifs de ce pilote illustrent parfaitement les synergies qu’offrent les métiers des déchets et de l’eau. Et c’est la mise en commun de nos technologies et de nos installations qui permet d’envisager la création d’une nouvelle filière de valorisation !» se réjouit Jean-Louis Chaussade, Directeur Général de Suez…

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