Réemploi : quand le VHU est une pièce maitresse…

Le 21/02/2014 à 20:01  
Réemploi : quand le VHU est une pièce maitresse…
Tout coute et dans bien des domaines, il est nécessaire de mieux maitriser les couts. C’est le cas dans le secteur de la réparation automobile : compte tenu de la hausse du montant des réparations qui inclue le changement de pièces pour lesquelles les constructeurs auto ont souvent la main mise (au titre de leur droit de propriété et de leurs prix), de nombreux assureurs sont tentés de se diriger vers la pièce d’occasion ou de réemploi. Si la pièce de réemploi prend de l’assurance, dans cette logique, le VHU regorge de p’tites choses qui peuvent encore servir…

Selon les données de l’association Sécurité et réparation automobile (SRA), 47% du montant des réparations automobiles concernent les pièces détachées. Ajtant dire que ça pèse lourd dans la balance… Si ce coût des pièces n’a grimpé que de 0,7% en 2013, la hausse enregistrée entre 2000 et 2010 est de l’ordre de +13% (hors inflation), aux dires de l’Autorité de la concurrence). En d’autres termes, c’est plus cher que la main d’œuvre carrosserie (42,5%) et que la peinture (10,5%) du coût global (au 4ème trimestre 2013).

D’où l’idée de tester les pièces d’occasion en bon état et ne mettant pas à mal la sécurité, bien évidemment.
Plusieurs grands assureurs ont décidé de jouer la partie.
Ainsi, Covéa AIS est prête à tester l’usage des pièces de réemploi. « Nous étions jusqu’à présent réservés à cette idée, mais du fait d’une législation qui freine la libéralisation du marché des pièces, et en raison de la forte mutation des centres de Véhicules hors d’usage (VHU), nous allons expérimenter cette nouvelle façon d’envisager les pièces de rechange auprès de nos réparateurs agréés dans quatre départements ». « L’opération démarrera au printemps prochain et durera 6 mois ; ce test nous permettra d’évaluer si la pièce de réemploi a sa place dans nos processus de réparation auto » a récemment indiqué Laurent Decelle.
Idem chez CapsAuto : la filiale de Groupama envisage très sérieusement le développement de l’usage des pièces de réemploi notamment quand la dispo en pièces de rechange n’est pas au rendez-vous.
L’an dernier, Allianz France s’est officiellement lancée : l’utilisation des pièces de réemploi est de mise dans le cadre de sa “Solution auto durable” via ses experts automobile, quand c’est possible et que l’assuré donne son accord. Utiliser des pièces d’occasion (de 20 à 50% moins chères que les neuves, selon les pièces considérées) engendre des coûts d’indemnisation plus faibles, ce qui évite à certains véhicules d’être déclarés comme une épave…
Si la Maif s’est lancée elle aussi avec satisfaction sur l’utilisation de pièces d’occasion (expérience menée sur la région Poitou) qui n’altèrent pas la mise en sécurité du véhicule, puisqu’il apparait que de nombreux sociétaires ont validé la proposition de l’assureur, la Macif se fit plus réservée quant aux résultats : ayant elle aussi testé la clientèle assurée, les retours seraient pour le moins mitigés, les assurés craignant souvent une moins bonne qualité des pièces proposées.

Il va de soit que la branche Recyclage du CNPA pousse à la roue en faveur d’une plus large utilisation des pièces de réemploi, rappelant volontiers que depuis 4 ans, il est possible de réparer un véhicule tout à fait correctement, avec de la pièce d’occasion. Compte tenu de la baisse du pouvoir d’achat, cela permet à des véhicules roulants qui ont peu ou pas de valeur à l’Argus (l'âge moyen du parc en France est de plus de 8 ans, et 17 millions de véhicules ont plus de 8 ans), d'être réparés à moindre coût, plutôt que de partir en destruction, parce que déclarés Véhicules économiquement irréparables (V.E.I).

Patrick Poincelet, président de la branche recyclage du CNPA, n’est pas avare en explication quand il s’agit de démontrer le bienfait de l’occasion : la pièce est certifiée conforme, moins chère pour le client qu’une neuve, sans compter que pour le vendeur, c’est mieux que de la mettre à la ferraille… Poursuivant le raisonnement, il explique bien volontiers qu’une portière vendue au poids (ferraille) est facilement 20 fois moins chère que vendue sous forme de pièce de rechange d’occasion. Sans compter qu’il ne faut pas perdre de vue le taux de 95% de recyclage des VHU (en 2015) prévu par la directive européenne : il est évident pour le président Poincelet, que passer la vitesse supérieure histoire de doper le marché des pièces d’occasion, c’est aussi, augmenter les taux de recyclage par voiture…

Toujours est-il que la branche recyclage du CNPA relance une campagne nationale de communication mettant en valeur la pièce de réemploi et le made in France. Pour ce faire, elle ressort la marinière avec le kit « made in France » destinée aux centres VHU.
Made in France, dites-vous ? Et bien oui : la réglementation est subtile… Si les éléments automobiles n’ont pas été produits en France, la mention made in France est autorisée dès lors que 45% de la valeur ajoutée a été réalisée en France ou si la dernière transformation a été opérée sur notre territoire. Economie + maintien, voire créations d’emplois sont là (Patrick Poincelet est convaincu qu’entre 5 000 et 10 000 emplois pourraient être concernés par le recours plus systématiques des pièces de réemploi). Et donc, on ne va pas se priver de le faire savoir…
Le marché de la pièce de réemploi, ce sont 300 millions d’euros de chiffres d’affaires. Environ 1700 centres VHU agréés ont détruit plus d’1,2 millions de VHU (soit une baisse de 20% par rapport à 2011). Qu'à cela ne tienne : la valeur des pièces démontées n’est pas un leurre ; mais elles ne représentent encore que 1 à 2% du marché des pièces auto. Autant dire qu’il y a des marges de manœuvre…