Russie: la menace des retombées écologiques des incendies

Le 06/08/2010 à 19:13  

Russie: la menace des retombées écologiques des incendies

Incendie forêts Russie Canicule, incendies...le bilan est lourd dans le pays. Les derniers chiffres font état de plus de 50 morts en Russie. Les feux de forêts ont connu globalement un léger recul jeudi, mais la situation se dégrade largement dans le Sud. En tout, 162 000 personnes sont mobilisées sur le front des incendies. Les températures particulièrement élevées pour la saison et le pays ont déjà conduit à la destruction de plus de 2 000 maisons, et plus de 500 000 hectares de forêts. La situation de sécheresse est telle que le pays s'inquiète vivement des retombées écologiques et sanitaires du phénomène. En effet, les feux pourraient se rapprocher de territoires contaminés lors de l'accident de Tchernobyl, pouvant entraîner une forte contamination de l'air. Les autorités et les associations tirent la sonnette d'alarme dans le pays et en Europe.

La situation critique ne semble pas s'atténuer. Des prévisions de fortes chaleurs sont encore prévues pour les prochains jours, voire les prochaine semaines. Le président Dmitri Medvedev a écourté ses vacances pour prendre la situation en main et étudier au plus vite des propositions pour améliorer les équipements de lutte contre les incendies. Au cours de ces dernières 24h, la tendance est à la baisse pour ces derniers, mais la situation d'urgence est toujours d'actualité, en particulier dans le Sud-Ouest du pays. Jusqu'ici, le Centre et l'Ouest étaient les régions les plus touchées. L'Etat d'urgence avait été décrété lundi 2 août dans tout le pays.

 En plus du drame humain et matériel, les incendies ont des répercussions importantes au niveau écologique. Le ministre des Situations d'urgence, Sergueï Choïgou, craint que les incendies ne se propagent à proximité du site de Tchernobyl. Cette région est toujours fortement polluée, du fait que les sols et les végétaux ont été irradiés lors de l'explosion de la centrale nucléaire ukrainienne en 1986. Cet accident avait été la plus grande catastrophe nucléaire civile du siècle. La région fait toujours l'objet d'une surveillance accrue. Le danger réside dans le fait que si le feu atteint des substances radioactives, elles pourraient s'envoler avec la fumée et une nouvelle zone encore plus polluée apparaîtrait. Il y tout de fois une bonne nouvelle. L'incendie ravage actuellement les alentours du centre nucléaire militaire de Sarov, et ce dernier a été stabilisé. Mais ces propos ne rassurent pas des associations comme Robin des bois en France.

L'association française s'inquiète des conséquences d'une éventuelle entrée en contact du feu avec le site de Tchernobyl, en France et en Europe. Elle a mis en garde, jeudi 5 août, contre le risque de retombées radioactives en Europe des incendies de forêts en Russie, un danger que l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) s'est engagée à surveiller de près. L'IRSN a annoncé qu'il allait mesurer avec une "attention toute particulière" les particules qui pourraient atteindre la France à la suite des incendies. Dans un communiqué de presse l'institut posent indique clairement que "ces incendies de forêts posent deux questions: si ces incendies touchent des territoires contaminés lors de l'accident de Tchernobyl, les particules radioactives remises en suspension lors de la combustion du bois peuvent-elles atteindre la France? Ces incendies menacent-ils la sûreté de certaines installations nucléaires russes?". La peur n'est pas tout à fait infondée. Entre 2002 et 2006, l'institut a déjà pu mesurer une très faible contamination de l'air au-dessus de la France lors d'incendies de forêts très importants en Biélorussie, Ukraine et en Russie.

Suite à l'explosion d'un des réacteurs de la centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986, le bois des arbres poussant sur les territoires contaminés (Biélorussie, Ukraine, Ouest de la Russie) tend à stocker les radionucléides présents dans le sol à la suite de l'accident. Le problème est qu'en cas de combustion, ceux-ci peuvent être libérés dans les fumées et conduire à une contamination de l'air. Le risque est bien existant, mais étant donné les niveaux d'activité susceptibles d'être observés en France, il n'y pas de risque apparent d'inquiétude d'ordre sanitaire. Les spécialistes restent très vigilants.