Semardel : 30 ans et 1 « idéefix »

Maîtriser la gestion des déchets à l’échelle du très vaste territoire de l’Essonne en Ile de France, sans avoir pour autant recours aux entreprises classiques dont c’est le métier… tel était le pari, osé, d’élus de diverses sensibilités. Ainsi, est né, un jour, il y a trente ans cette année, le projet d’entreprise de Semardel… Tel le fameux village Gaulois qui lutte contre l’envahisseur Romain, les tenants de ce modèle à part, montrent et démontrent que l’on peut gérer et traiter les déchets, sans passer par les groupes du secteur privé. Et ils résistent. C’est désormais de notoriété publique…
Le groupe Semardel occupe plus de 600 collaborateurs, génère 87 millions d’euros de chiffres d’affaires annuel (2013), valorise les déchets de près d’un million d’habitants (il assure la valorisation du second syndicat de traitement de France), traite 75 000 tonnes de déchets résultant des activités économiques, 60 000 tonnes de déchets ménagers, et prélève 40 000 tonnes annuelles de déchets ménagers recyclables triés. L’actionnariat du groupe se répartit à la faveur du secteur public (72,34%), contre 27,66% pour le privé.

Afin de se convaincre que c’est possible, que ça fonctionne et que les tenants de cette logique unique en France ne marchent pas sur la tête, il convient de préciser « qu’ailleurs, en Suède, en Allemagne, en Italie et dans d’autres pays encore, les municipalités confient leur gestion à des entreprises comme la nôtre ? Le service s’en trouve optimisé, les coûts réduits pour les habitants, avec la garantie d’un service à la hauteur de ce qui en est attendu »…

Le ton est donné…


Les communes du Siredom sont, elles aussi, actionnaires de Semardel, de la même manière qu’un certain nombre de collectivités qui ne sont pas rattachées au Siredom (Conseil général de l’Essonne et le Siom, syndicat intercommunal des ordures ménagères de la vallée de Chevreuse) ont rejoint le premier groupe et pris des parts dans la société. Cela étant dit, la Caisse des Dépôts et Consignations, la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’Essonne et la Société Sorec sont également actionnaires de notre structure. Si la plupart des actions sont détenues par le secteur public, la porte n’est pas fermée au secteur privé : Sémardel est composée d’une quinzaine d’actionnaires, dont une dizaine sont des collectivités …
Au fil du temps, nous avons mis en œuvre ce qui était nécessaire pour apporter une réponse globale au traitement des déchets produits sur le territoire des collectivités actionnaires de la Sémardel et avons investi dans des structures adaptées, afin de construire peu à peu l’édifice, et ce, afin de faire face à l’impressionnante diversité des déchets dont nous héritons et gagner en indépendance.


L’entité Semaer collecte les déchets ménagers de nombreuses collectivités et les déchets de près d’un millier d’entreprises. Elle est l’un des principaux opérateurs de collecte du sud de l’Ile de France. Semardel, en tant que telle, apporte aux collectivités locales son expérience de la gestion publique des déchets à travers sa filiale Semapro qui sert essentiellement à évaluer les besoins, proposer les solutions les plus adaptées et assurer l’assistance à la maîtrise d’ouvrage, ainsi que la formation et la communication sur la mise en place des nouveaux équipements.

Les déchets végétaux ne manquant pas dans l’Essonne, nous avons constitué Semavert, une filiale qui se consacre aux déchets verts : installée à Vert le Grand, elle transforme en compost tous les déchets végétaux des habitants du Siredom auxquels il convient d’ajouter les déchets produits par les services techniques communaux et d’entreprises spécialisées dans l’entretien des parcs et jardins… Avec une capacité de 40 000 tonnes par an, on couvre les besoins et allégeons d’autant le poids des déchets à éliminer. A la suite de quoi, notre compost, 27 231 tonnes en 2013, qui a obtenu l’Eco-label du fait qu’il répond aux normes les plus strictes, est mis en libre service, dans les 13 déchetteries du Siredom.
Dans cette logique consistant à apporter une réponse globale au traitement des déchets du territoire couvert par Semardel, via le réemploi, le recyclage et la production d’énergie, nous avons investi dans un centre de tri ultra moderne consacré aux bois (voir Semardel investit dans le tri en grande largeur) provenant du sciage, de l’emballage, de l’ameublement ou encore de la construction. Pour ce faire, la plateforme d’accueil et de traitement Semavert a été complètement relookée afin de réceptionner ces quantités supplémentaires de déchets (nous avons traité 22 295 tonnes de bois en 2013), mais aussi de travailler en osmose avec notre nouveau centre de tri automatisé dédié aux déchets d’activités économiques (voir aussi Meubles usagés : l'Essonne "envoie du bois"). Cette nouvelle installation a malheureusement subi un incendie dont on sait avec certitude qu’il est d’origine criminelle(voir Déchets : Un incendie qui fout la trouille) . C’était en mars dernier… L’enquête est en cours.
Il va sans dire que nous ne nous sommes pas dispensés de CSDU (centre de stockage de déchets ultimes) : notre volonté permanente d’assurer notre indépendance nécessitait de disposer d’un exutoire final pour nos déchets ultimes, sans que nous ne soyons contraints de contracter avec des entreprises privées… Nous avons d’ailleurs bénéficié d’une autorisation d’extension récemment (voir Stockage des déchets ultimes : Semardel prépare l'avenir), ce qui nous permet d’envisager l’avenir avec sérénité sur ce point…


Les résultats ont dépassé les objectifs et ce pour une raison principale. Semardel est certes, gouvernée par des élus, mais elle travaille presque comme une entreprise privée, c’est à dire avec des objectifs de résultats. Je dis « presque », parce qu’elle ne distribue aucun dividende à ses actionnaires, quand bien même elle gagne de l’argent.
Nous ne sommes pas là en effet, pour distribuer des dividendes, mais pour ajouter peu à peu des pierres à un édifice solide qui permettra, une fois achevé, de traiter et valoriser tous les déchets de notre territoire via les installations qui sont les nôtres… En d’autres termes, « l’argent provenant du traitement des déchets reste au service des déchets » et sert à aller toujours plus avant dans la performance. Et ça marche !... En 2005, notre capital social était de 800 000 euros ; cette année, tout laisse à penser que très bientôt, nous flirterons avec les 30 millions…

C’est ce modèle que nous portons avec force et passion, même s’il est évident, parce qu’il comporte des aspects révolutionnaires et dérangeants tout à la fois, qu’il ne saurait plaire à tout le monde… Notre intérêt, c’est l’habitant et donc la préservation de sa feuille d’impôts : la fiscalité déchet est, sur le territoire traité par Semardel, stable et non haussière comme un peu partout en France…


Nos tarifs de traitement des déchets ménagers ont en effet baissé, à tonnages constants, hors TGAP, de l’ordre de 6% entre 2009 et 2012. En 2009, nous avons d’ailleurs investi environ 4 millions d’euros afin d’automatiser le centre de tri des déchets ménagers recyclables. On a pu de la sorte, augmenter les tonnages et la productivité du centre, en passant de 3 à 11 tonnes triées par heure, ce qui nous a permis de réduire les factures adressées au Siredom.
Il faut bien comprendre que notre logique a toujours été basée sur le réinvestissement des bénéfices engrangés, afin de rendre toujours plus performante la gestion de nos déchets grâce à des outils de travail optimisés en permanence. Dans un premier temps, on a donc implanté des installations dédiées, puis nous les avons modernisées, afin de parvenir à l’objectif de l’indépendance vis-à-vis des grands groupes du privé, tout en assurant des coûts acceptables. On ne s’est pas pour autant arrêtés en si bon chemin…




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