Stocamine : quand l'enfouissement refait surface...

Le 22/10/2018 à 9:15  

Stocamine : quand l'enfouissement refait surface...

Enfouissement souterrain à Stocamine Seul exemple en France, d'enfouissement de déchets industriels ultimes, et donc non recyclables, dans les galeries d’une ancienne mine de potasse, Stocamine est de nouveau sous les projecteurs. Un rapport parlementaire sur ce centre, situé à Wittelsheim, dans le Haut-Rhin, présenté en septembre dernier, évoque le « cas d’école de toutes les erreurs à ne pas commettre »...

 Site unique en France, Stocamine a ouvert en 1999 : au départ, le projet a été pensé comme une bonne solution de reconversion pour ce bassin minier, dès lors que filon de potasse s’amenuisaut. Sous la mine Joseph-Else, 100 km de galeries sont creusées dans le sel gemme, ce qui permettait potentiellement de réceptionner en 30 ans, environ 320 000 tonnes de déchets industriels ultimes, de classe 0 et 1, contenant amiante, cyanure, mercure, arsenic, chrome… Personne n'est ravi, mais tout le monde s'y fait, jusqu'à ce qu'un incendie mette en lumière la présence de déchets qui n'avaient rien à y faire... Dès lors, tout le monde s'écharpe et les expertises, consultations, et autres rapports se succèdent. Stocamine ou Destocamine, telle est la question...
Avec le temps, la mine se referme sur elle même ; elle s'affaisse, ce qui compromet l'extraction souhaitée par des réverains inquiets, des élus mobilisés... Des experts donnent en 2011, un avis favorable à l’enfouissement définitif, motivant leur conclusion en estimant le déstockage très long, coûteux et risqué. Un arrêté préfectoral est publié en mars de l'année dernière : suite à cette décision de l’Etat, sont remontées 2 270 tonnes de déchets contenant du mercure. Au printemps dernier, nouveau rebondissement : un possible tournant s'amorçait...

Le rapport de la mission d’information parlementaire sur Stocamine, ce désormais célèbre centre d’enfouissement souterrain des déchets ultimes de Wittelsheim, présenté en septembre dernier, critique avec grande sévérité et le projet et sa mise en œuvre, bien qu'il ait été présenté (aux élus et à la population) comme étant ce qu'il y a de mieux au début des années 90.
Les rapporteurs, Bruno Fuchs, député (apparenté Modem) du Haut-Rhin et corapporteur du texte, avec Vincent Thiébault, député (La République en marche) du Bas-Rhin, et Raphaël Schellenberger, député (Les Républicains) du Haut-Rhin, ne sont en effet pas « tendres ». On laisse entendre en effet que « tous les experts qui ont été consultés à l’époque ont donné, de bonne foi ou pas, des informations erronées, ou qui se sont avérées erronées ».
Parmi les déchets, il est bon de le rappeler,des déchets toxiques en quantités non négligeables ont été stockés là... étant entend que la mauvaise gestion financière de Stocamine a coûté 146 millions d’euros en dix ans. Sans compter que la mine continue de se refermer sur elle-même. « SiAffaissement du site Stotacamine on avait commencé à déstocker il y a dix ans, on n’en serait par là », exprime un ancien mineur...

Les déchets doivent « être extraits si cela est techniquement possible, afin de ne pas faire peser un risque grave sur l’environnement, mais également sur la population (…), sous réserve qu’un site de stockage présentant de meilleures conditions puisse accueillir ces déchets ». Etant entendu qu'il est clairement établi qu'il est impératif « d''éviter tout risque de contamination de la plus grande nappe phréatique d’Europe »...
Selon les députés alsaciens de cette mission d’information, deux conditions doivent être réunies pour permettre l’extraction des déchets dangereux : trouver une meilleure solution de stockage et s’assurer de la sécurité des travailleurs de la mine. Quand bien même le déstockage partiel entre 2014 et 2017 n’a abouti à aucune contamination du personnel (grâce à des mesures de sécurité optimisées), toutes les parties prenantes préconisent le risque zéro, tant cette histoire a déjà été pénible à bien des égards.

Le Bureau de recherche géologique et minière (BRGM) accompagné dans cette démarche, par des experts internationaux, doit rendre un avis quant à la faisabilité du projet à la fin du mois d’octobre : si l’étude qu'il supervise estime que c’est faisable, « il faut déstocker ». La suite est donc pour bientôt...
Voir également Stocamine : nouvel avis de l'autorité environnementale