TEOM : l'UFC-Que Choisir dénonce des dérapages

Le 27/10/2011 à 14:56  

TEOM : l'UFC-Que Choisir dénonce des dérapages
tirelire cassée Après un rapport de la Cour des comptes publié le mois dernier qui mettait déjà le doigt là où ça fait mal (voir notre exposé), l'UFC-Que Choisir en remet aujourd'hui une couche avec une étude approfondie sur la gestion des ordures ménagères par les collectivités et leurs groupements. Selon les conclusions de l'association, cette gestion serait défaillante et trop chèrement payée par les consommateurs. Oups !!...

 Alors que la seule Taxe d'Enlèvement des Ordures Ménagères (la fameuse TEOM, qui a coûté 5,4 milliards d’euros aux ménages en 2009) a quadruplé en 20 ans, l’UFC-Que Choisir vient d'analyser les disparités dans le service d’élimination des déchets ménagers sur un échantillon représentatif de 150 collectivités ou groupement de communes (EPCI) ayant une compétence déchets à partir de leurs rapports 2009 sur le prix et la qualité de gestion des déchets ménagers.

 "Bien qu’obligatoires (Décret n°2000-404 du 11 mai 2000), les rapports sur le prix et la qualité de gestion des déchets n’ont pu être obtenus que dans 92 collectivités, après 4 relances au moins pour 20% d’entre elles. Pire, ces rapports sont très souvent difficilement exploitables car trop lacunaires. Dans près de la moitié des cas, des indicateurs financiers essentiels comme le coût à la tonne de la collecte ou celui relatif au traitement ne sont pas calculés alors qu’ils sont indispensables pour l’évaluation des coûts de gestion et permettent une analyse au regard des référentiels de coûts proposés par l’Ademe. Bref, la transparence financière à la benne ; les collectivités pilotent sans instrument de bord", indique l'association.

 Sur les 92 collectivités étudiées, couvrant une population de 15,8 millions d’habitants, l’UFC-Que Choisir a reconstitué le coût réel du service imputable aux habitants (coût aidé TTC). La moyenne s’établit à 99 euros par habitant sur les données de 2009, mais elle cache de fortes disparités locales. A structure d’habitat et service équivalents, on constate des écarts de coûts variant, par exemple pour les plus grandes agglomérations, du simple (70 euros pour Lyon) au double (149 euros pour Marseille). Selon l'association, les 3 principales causes de ces dérapages tarifaires sont : des schémas d’organisation trop coûteux (flux collectés, fréquence, mode d’élimination des déchets), le recours à une société privée (+12% par rapport à la régie) et, enfin, un contrôle déficient des recettes annexes à la TEOM (recettes de valorisation, soutiens des éco-organismes, redevance spéciale versée par les professionnels). "Ainsi, dans un certain nombre de cas, nous avons constaté un niveau de recettes annexes anormalement bas, engendrant des montants de taxe injustifiés", dénonce l’UFC-Que Choisir.

argent Dans 20 collectivités rassemblant 6 millions d’habitants, les coûts affichés sont, à qualité de service équivalente, plus de 10% supérieurs au coût théorique reconstitué par l’association, en prenant en compte la nature des gisements, les spécificités locales des schémas de collecte et les modes d’élimination, et à partir des coûts de référence actualisés calculés par l’Ademe dans son référentiel des coûts. Cela induit une surfacturation du service de 24 euros par an et par habitant. Sur l’ensemble de l’échantillon, le préjudice global est évalué à 144 millions d’euros par an, soit 10% du budget total pour la gestion des déchets de l’ensemble des collectivités analysées.

 "La mise en place d’ici 2015, d’une tarification incitative à laquelle l’association reste profondément attachée, impose en préalable une parfaite maîtrise de la gestion de déchets par les collectivités, respectueuse de l’environnement et des consommateurs", indique l’UFC-Que Choisir. C'est pourquoi cette dernière exige : un renforcement de la réglementation relative aux rapports "déchets" (modalités de communication, contenu) ; un renforcement des règles comptables relatives à la TEOM (interdiction des budgets TEOM bénéficiaires) ; la mise en place d’outils de pilotage du service de gestion des déchets (instauration d’indicateurs de performance).

 Pour plus d'informations, vous pouvez retrouver l'étude de l'UFC-Que Choisir intitulée "Analyse de la gestion des ordures ménagères par les collectivités" en cliquant ici.