Traitement et « circularité » des déchets…

9 avril à Paris, avait lieu la conférence parlementaire sur la politique des déchets. Si on ne connait pas encore dans le détail ni le plan Déchets (en cours de finalisation), ni les propositions à suivre du Comité pour la fiscalité écologique (CFE), qui devraient être présentés en juin à Ségolène Royal, cela n’a pas empêché les discussions et échanges…


« L’économie circulaire est un système dans lequel chaque matière constitue une ressource dont le principe premier est de ne pas être détruit. Dans ce système chaque ressource est un capital », a notamment déclaré l’ancienne secrétaire d’État chargée de l’Écologie.
Mais ce n’est pas tout : à la clé du système, croissance économique et emploi. « Ce modèle économique global et territorial offre de nouvelles perspectives de croissance et de création d’emplois non-délocalisables »... Le sujet est donc hautement stratégique ; la Commission européenne (dans le cadre de sa feuille de route sur l’utilisation efficace des ressources), ayant inscrit dans ses axes de travail prioritaires le développement d’une économie circulaire, rappelle en substance, François-Michel Lambert.
De fait, l'objectif de recyclage des ressources est bel et bien inscrit dans la Stratégie Europe 2020. Après une étude du cabinet McKinsey pour la fondation Ellen MacArthur, les économies potentielles liées à l'application de ce nouveau modèle de développement ont été chiffrées en milliards d'euros.

« Ce gouvernement intègre dès à présent les enjeux de crise des ressources. Avec l’Institut de l’économie circulaire, nous allons prendre contact avec Ségolène Royal et son ministère très rapidement pour lui faire part de nos travaux et de nos pistes de réflexion », a indiqué pour sa part, François-Michel Lambert, avant de conclure que « Ségolène Royal est une femme politique très compétente qui saura faire avancer l’économie circulaire dans notre pays. C’est pourquoi nous avons toute confiance en elle ».

Parmi les points d’orgues, l’échelon local, élément déterminant dans le développement de cette économie circulaire. C’est d’ailleurs à ce stade que certaines oppositions fortes se manifestent. Quand ce n’est pas des contradictions. Le recyclage est planétaire (c’est ce qu’indiquait clairement François-Michel Lambert, lors de la dernière assemblée générale de Federec) : est-ce à dire que pratiquer l’économie circulaire rend possible de négocier les matières recyclées (comme c’est le cas aujourd’hui) hors des frontières et parfois à destination de contrées lointaines ? Que nenni ! Les chantres de cette façon de penser sont formels : on reste à proximité (ce qui peut engendrer une dégradation du marché, en terme de prix de vente de ces nouvelles matières premières, si l’on n’y prend pas garde). On aura compris que le diamètre des cercles n’est donc pas encore clairement défini...
« Les collectivités ont un rôle majeur à jouer en qualité d’actrices de l’économie circulaire, puisqu’elles disposent des compétences en matière de recyclage des déchets ménagers », rappelle, pour recentrer le débat, Sylvain Baudet, économiste, chef de projet développement économique territorial. Ce qu’admet bien volontiers Chantal Jouanno qui profite de l’occasion pour réaffirmer que «normalement, les projets qui sont conçus localement fonctionnent bien ». Sauf, on ne le dira jamais assez, qu'on ne joue pas dans la même cour, entre déchets ménagers et déchets industriels, notamment pour ce qui est des tonnages en jeu... et qu'il n'est pas évident du tout que la France puisse absorber toutes les quantités produites. Si dans le secteur des déchets du BTP recyclés, on ne craint guère de ne pas pouvoir écouler la matière en France, puisqu'on en manque et que les débouchés sont assurés, dans le secteur des papiers cartons, pour ne citer que ce sdeux cas de figure, les professionels du recyclage sont beaucoup plus prudents ... Ce n'est donc pas si simple qu'il y parait...

Tel est le plaidoyer de Luc Valaize, président du SVDU (Syndicat national du traitement et de la Valorisation des Déchets Urbains et assimilés) qui se dit convaincu « que nos déchets sont un formidable gisement. Nous, dans nos incinérateurs, nous en faisons de l’énergie. Une étendue de ce processus, nous permettrait de doubler la capacité énergétique de la France »… Voir à ce propos Recyclage : optons pour la préférence nationale
C’est ce qui avait déjà été préconisé en septembre dernier à l’avant-veille de la conférence environnementale ; la Fnade avait en effet pris certaines positions dans le cadre plus global de la politique stratégique qui devrait être mise en oeuvre dans notre pays, afin qu’il participe plus concrètement à l’Europe du recyclage. A la suite de quoi, on est loin du consensus pour ce qui est du rôle de la fiscalité en la matière: si Federec semble encline à voir augmenter la TGAP (voir Recyclage : Federec réaffirme sa volonté de creuser plus profond), la Fnade en revanche, y serait plutôt opposée (voir La Fnade se pose en militante)…Si le débat reste ouvert, on aura bien compris que les jeux ne sont pas faits

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