Transition énergétique : c’est (presque) dans la boîte

Ce n’est pas seulement une loi sur la croissance verte qui est en passe d’être définitivement adoptée par la France ; c’est aussi une loi « fleuve » avec ses quelque 900 amendements, régulièrement ajoutés au texte initial au fil du temps (dont certains sont sortis du chapeau, il y a quelques jours seulement), des amendements qui ont néanmoins pu être examinés dans les temps impartis, entre les 19 et 21 mai 2015, avant le vote du texte au global, qui est intervenu ce mardi 26. Ouf ! Si on en n’a pas terminé (le texte sera ensuite examinée le 17 juin en commission au Sénat et à partir du 29 juin en séance), on a franchi un cap, et non des moindres….





L’affaire n’est pas bouclée pour autant (quand bien même les services du ministère sont déjà penchés sur les textes d'application « pour qu'au moment de la promulgation de la loi, la quasi-totalité des décrets soit rédigée »), le texte n’étant pas encore gravé dans le marbre, puisque qu’il devra repartir devant les sénateurs puis être adopté définitivement par les députés (à moins que le Sénat ne l’adopte sans modification, ce qui mettrait fin à la navette parlementaire), et ce avant la trêve estivale (ou au pire, dès la rentrée). Si les objectifs sont « clairs », d’aucuns ont déjà relevé des moyens « flous »… Dans cette dernière version en date, le texte fixe des objectifs contraignants puisque notre pays devra réduire de 50% sa consommation énergétique d’ici à 2050, de 40 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 (par rapport au niveau de 1990), tandis qu’en 2030, la part du renouvelable dans la production énergétique devra au minimum atteindre 32 %.



Ainsi, l'Assemblée a clairement souhaité empêcher autant que faire se peut, la grande distribution, non seulement de jeter des denrées alimentaires, mais aussi de rendre leurs invendus impropres à la consommation (nombreuses sont les grandes surfaces qui balancent en effet de l’eau de javel afin d’interdire la consommation de la nourriture qu’elles jettent à la poubelle, ce qui est scandaleux).
« Les distributeurs devront s'efforcer de prévenir tout gaspillage et, à défaut, d'écouler leurs invendus en donnant aux associations en charge de l'aide alimentaire, de favoriser la production de l'alimentation animale ou celle de compost pour l'agriculture »... Cela passera d’entrée, par la mise en place obligatoire, avant le 1er juillet 2016, d'une convention entre les associations et les magasins de plus de 400 m² commercialisant des denrées alimentaires. On retiendra que les produits sous marque de distributeur qui seraient retournés au fournisseur seront autorisés au don, alors qu’ils sont actuellement détruits actuellement. Dès lors que des têtus ne s’exécuteraient pas sur le champ (à cette date), ils s’exposeraient, à deux ans de prison et 75 000 euros d'amende.

Un amendement visant l’interdiction de construire de nouvelles installations de méthanisation TMB au 1er janvier 2016 aurait été déposé par Sabine Buis, députée PS de l'Ardèche, l’un des cinq rapporteurs (rénovation des bâtiments et économie circulaire) de la loi TE. Ce qui n’a pas manqué d’animer le débat : s’il est des installations qui posent en effet « quelques problèmes », le site d’Angers ayant même récemment cessé de traiter les déchets, il en est qui donnent satisfaction comme à Lille ou Marseille, tandis qu’ailleurs, on a réalisé les travaux complémentaires qui s’avéraient nécessaires (par exemple à Montpellier) afin de restaurer une situation jugée décevante. A cela s’est évidemment ajouté que les collectivités locales, qui disposent de la compétence déchets, ont vu d’un mauvais œil que l’Etat puisse prendre des décisions de cette sorte en lieu et place des élus…
Ségolène Royal dont on sait qu’elle est tentée de développer la valorisation des déchets organiques via un tri à la source et une collecte séparée, mais également développer le compostage individuel d’ici 2025, inquiète un peu en raison des coûts supplémentaires que cela va engendrer au sein des collectivités. Les 20 et 21 mai derniers, avait lieu le congrès spécial déchetterie organisé par Amorce, rencontre au cours de laquelle Nicolas Garnier, délégué général de l’association, n’a pas manqué de rappeler que « le coût annuel des ordures ménagères en France est de l’ordre de 7 milliards d’euros», et que « le développement d’un traitement à part des biodéchets supposerait un budget supplémentaire à prévoir d’environ 500 millions d’euros par an ».

