Tri-mécano-biologique : un leurre pour produire du compost de qualité



Le magazine « Environnement et technique » dans son numéro de mai (1) enjolive un peu le tableau déclare le CNIID en citant les quelques très rares exemples qui « marchent » mais qui ne peuvent à eux seuls confirmer la règle. En outre, parmi les usines citées figure celle de Launay-Lantic, qui parvient à respecter cette norme grâce à un tour de passe-passe : le compost issu du TMB est dilué à hauteur d'au moins 40 % avec des déchets verts. Conséquence logique, les concentrations en polluants et indésirables diminuent.
Le passage des ordures mélangées dans un biostabilisateur avant le tri mécanique engendre la contamination de la FFOM. Rappelons par exemple qu'une pile sur trois seulement est aujourd'hui collectée sélectivement et qu'une très grande partie des déchets d'équipement électrique et électronique (DEEE) finit dans les ordures résiduelles (2), sans parler des déchets dangereux des ménages.
Ces réserves sur le TMB sont d'ailleurs émises par des personnes appartenant à d'autres sphères que celle des ONG : pouvoirs publics, ADEME ou représentants de collectivités. Les constructeurs d'usines de TMB reconnaissent parfois eux-mêmes qu'ils ne peuvent garantir la conformité à la norme NFU 44051, notamment en ce qui concerne les traces de métaux lourds (ETM – Eléments Traces Métalliques) . La société Sita Sud précise, dans le mémoire rédigé en réponse au projet de TMB de Salindres (30), que « l'engagement de Sita Sud porte sur l'ensemble des critères de la norme, à l'exception des seuils d'ETM. En effet, toutes les études en retour d'exploitation démontrent que la teneur en ETM dans un compost est pour l'essentiel déterminée par la teneur en ETM dans les déchets livrés. Il s'agit notamment d'une pollution des matières fermentescibles au niveau de la collecte. » .
Les chiffres mentionnés dans l'article d'« Environnement et technique » pour chaque critère de la norme NFU 44051 ne sont absolument pas représentatifs de la réalité puisqu'ils comparent les données d'un seul site de TMB (Launay-Lantic) à la moyenne des données de 25 plate-formes de compostage de biodéchets. La preuve d'une qualité égale ou supérieure des composts issus de TMB par rapport aux composts issus de biodéchets n'est donc pas apportée.
Le grand nombre de projets de TMB va en outre poser le problème de l'absence de débouchés pour des quantités importantes de résidus qui devront finir leur vie en décharge ou en incinération. Les nouveaux taux de TGAP fixées par la loi de finance 2009 vont entraîner des surcoûts supplémentaires pour les collectivités, les déchets issus du TMB étant taxés au même titre que tout autre déchet entrant.
En résumé, le TMB n'est pas un outil permettant la valorisation matière et n'est qu'une étape préliminaire à la mise en décharge ou l'incinération conclut le CNIID.

(1) « Compostage sur OMR : entre déclin et renouveau », Olivier Guichardaz, Environnement et technique N°286, mai 2009
(2) Rapport « Technologie de l'information et de la communication et développement durable », MEEDDAT et MINFEFI, décembre 2008, disponible sur demande au Cniid.


