Triade Electronique : D3E pro et ménagers, même combat !

Le 30/01/2012 à 17:16  

Triade Electronique : D3E pro et ménagers, même combat !
D3E A l’occasion d’un déplacement à Angers (49), François Loos (Président de l’Ademe) a visité l’unité de dépollution, de démantèlement et de tri Triade Electronique (Veolia Propreté - voir notre exposé), l'une des unités les plus innovantes en France en matière de recyclage et de traitement des déchets d'équipements électriques et électroniques, les fameux D3E (ou DEEE) bien connus de nos lecteurs. L'occasion de faire un point sur la filière... Depuis le lancement de cette dernière en 2005 jusqu’à aujourd’hui, plus d’un million de tonnes de D3E ont pu être collectés (1 323 268 tonnes au total entre 2006 et 2010, dont 434 000 tonnes sur l’année 2010). La collecte est aujourd’hui de 6,4 kg de déchets par habitant et par an, l’objectif fixé par le Grenelle Environnement étant d’aboutir à 10 kg/habitant/an collectés en 2014. Basée sur le principe de REP (Responsabilité Elargie du Producteur), la filière de traitement des D3E est organisée en 2 branches : celle des déchets ménagers et celle des déchets professionnels...

 Opérationnelle depuis le 15 novembre 2006, la filière de collecte et de traitement des D3E ménagers représente plus de 96% de la quantité totale de déchets d'équipements électriques et électroniques collectés. D'un point de vue pratique, les producteurs et les distributeurs d’équipements ménagers sont tenus d’informer les acheteurs du coût de l’élimination des D3E, en indiquant au pied de la facture de vente le montant de l’éco-contribution (ou éco-participation). Les distributeurs d’équipements ménagers doivent de leur côté accepter la reprise gratuite d’un appareil usagé lors de l’achat d’un produit neuf du même type (obligation dite "1 pour 1"). Ils doivent également informer les acheteurs sur l’obligation de ne pas jeter les D3E avec les déchets ménagers, sur les systèmes de collecte mis à leur disposition, et sur les effets potentiels des substances dangereuses présentes dans les équipements électriques et électroniques sur l’environnement et la santé humaine. Les producteurs d’équipements ménagers ont, quant à eux, 2 possibilités : adhérer à l’un des 4 éco-organismes agréés pour la collecte et le traitement des équipements ménagers (Ecologic France, Eco-systèmes, ERP France et Recylum), ou mettre en place et faire approuver un système individuel de collecte et de traitement.

 Mise en place depuis le 13 août 2005, la filière de collecte et de traitement des D3E professionnels représente moins de 4% de la quantité totale de déchets d'équipements électriques et électroniques collectés. Tardant à décoller, cette filière aura pour principal défi de se renforcer et de se structurer, notamment avec la mise en place d’éco-organismes agréés. Concernant les équipements professionnels mis sur le marché avant le 13 août 2005, ce sont leurs détenteurs qui sont responsables de leur fin de vie. Pour ceux mis sur le marché après cette date, ce sont les producteurs (fabricants, revendeurs, importateurs) qui doivent prendre en compte la fin de vie de leurs équipements. Ceux-ci peuvent s’organiser de 3 manières différentes : mettre en place un système individuel de collecte et de traitement, sans nécessité d’approbation, contrairement au secteur ménager (à partir de 2012, les systèmes individuels professionnels devront fournir une attestation de conformité réglementaire) ; adhérer à un éco-organisme agréé pour la collecte et le traitement de ces déchets d’équipements (plusieurs sont en cours d’agrément) ; déléguer à l’utilisateur final de l’équipement la gestion du déchet résultant (dela n’est possible que si le producteur vend directement l’équipement à l’utilisateur final - aucun intermédiaire ne doit intervenir dans la chaîne de commercialisation - et cette clause doit être précisée dans le contrat de vente de l’équipement).

 Seul site en France à intégrer la valorisation industrielle des flux de D3E ménagers et de D3E professionnels, Triade Electronique est également l’une des unités les plus récentes et les plus en pointe sur le recyclage de déchets complexes. Concernant le process de traitement des écrans, Veolia Propreté a développé une ligne mécanisée de démantèlement capable de traiter tous les types d’écrans (cathodique, LCD, plasma, rétro-projection...). Lors de ce développement, l’ergonomie a été une préoccupation majeure. Ainsi, tous les postes de travail sont conçus et aménagés pour les travailleurs handicapés. La capacité de cet équipement permet le désassemblage complet d’environ 200 écrans à tube cathodique par heure, avec un taux de valorisation global de 88%, bien au-delà du taux de valorisation de 75% demandé par la directive européenne 2002/96/CE. Pour ce qui est du traitement du Gros Electroménager Froid (GEM froid : réfrigérateur, congélateur, climatiseur, cave à vins...), Veolia a souhaité investir dans les technologies de pointe capables de garantir la sécurité, d’obtenir des taux de récupération des CFC proches de 100%, et de valoriser au mieux les matériaux. Ces objectifs sont aujourd’hui atteints et l’installation mise en oeuvre sur le site d’Angers permet de traiter en toute sécurité environ 70 réfrigérateurs à l’heure avec un taux de valorisation global de 94% et un taux de récupération des CFC de l’ordre de 99,5%.

 Quant au traitement des Petits Appareils en Mélange (PAM : grille-pain, sèche-cheveux, perceuse, téléphone, imprimantes, appareils de billétique...), des processus spécifiques mécanisés ont été mis en place. Ils garantissent une dépollution totale et un niveau de valorisation des matériaux conforme aux prescriptions réglementaires. Concrètement, le processus de traitement des PAM comprend 3 étapes : un pré-traitement manuel assure un premier niveau de dépollution, ainsi que la préparation des appareils en vue du traitement mécanisé ultérieur ; ensuite, une désintégration mécanique garantissant une dépollution complète, grâce à l’absence d’opérations de broyage, évitant de détruire les piles, les condensateurs ou les autres polluants ; enfin, le tri et la séparation mécanique des métaux et des plastiques. Dernier point justement : le savoir-faire de Veolia Propreté dans le domaine des D3E réside également dans la maîtrise de l’identification, de la séparation et du recyclage des matières plastiques. En effet, le traitement des plastiques, pourtant présents en grande quantité dans les D3E, est très souvent délaissé faute de connaissance et de solutions techniques appropriées. Grâce au développement d’une base de données propre aux polymères et additifs utilisés dans le domaine des équipements électriques et électroniques, le site est capable d’identifier et de séparer précisément les différents plastiques. A noter : en 2010, l’Ademe a soutenu l’investissement dans un équipement innovant de tri qui permet à Triade Electronique de réaliser les opérations de tri et de séparation sur l’ensemble des flux de résidus plastiques issus du traitement des D3E, améliorant ainsi leur valorisation.